THE POLAR EXPRESS (2004)
LE PÔLE EXPRESS
Compositeur : Alan Silvestri
Durée : 46:06 | 14 pistes
Éditeur : Warner Sunset / Reprise
Pour ce conte de Noël tout ce qu’il y a de plus classique, Alan Silvestri, comparse de toujours de Robert Zemeckis, a été confronté à un nouveau challenge : celui d’écrire des chansons constituant les points d’orgue du film, comme dans les classiques de Walt Disney. Et pour cet exercice auquel il s’était peu livré jusqu’à ce jour, il s’associe avec le compositeur et parolier Glen Ballard, qu’il retrouvera par la suite sur Beowulf (La Légende de Beowulf) et A Christmas Carol (Le Drôle de Noël de Scrooge), et fait du titre Believe le thème principal de la partition. Noble, généreuse et émouvante à souhait, cette mélodie et ses orchestrations rappellent vaguement Edward Scissorhands (Edward aux Mains d’Argent) de Danny Elfman et surtout Elf (Elfe) de John Debney. On se doute bien que dans ce genre de film, les capacités de renouvellement des compositeurs ne sont pas infinies… ce qui n’empêche pas les thèmes de The Polar Express de s’avérer tout à fait satisfaisants.
La chanson d’ouverture, The Polar Express, très dynamique et enlevée, marquée par le staccato des roues, par les sifflets et la fumée, interprétée par des voix d’enfants et un Tom Hanks qui s’amuse comme un fou, présente elle aussi l’un des thèmes majeurs du film, qui réapparaîtra notamment dans les scènes d’action et d’aventure. Spirit Of The Season, illuminé par les fanfares triomphales typiques de Silvestri, illustre quant à lui avec éloquence l’esprit de Noël dans tout ce qu’il a de plus chaleureux, exaltant et merveilleux. Et tandis que When Christmas Comes To Town fait à son tour vibrer la corde émotionnelle et lacrymale, Silvestri et Ballard en reviennent à plus de fantaisie avec Rockin’ On Top Of The World, rock endiablé, et Hot Chocolate, morceau de jazz big band virtuose émaillé ici et là des thèmes des cantiques de Noël les plus connus. Le reste de l’album se partage ensuite entre des classiques du genre dus aux incontournables Irving Berlin, Frank Sinatra, The Andrews Sisters et consorts, et des extraits du score.
Les fans du compositeur seront probablement déçus, non par la qualité de la musique, qui est excellente, mais par le peu de représentation qu’elle obtient sur le disque : une douzaine de minutes alors que le film en contient au moins cinq fois plus. Seeing Is Believing, au titre fort évocateur et à l’atmosphère surnaturelle, compte parmi les thèmes les plus inspirés que le compositeur ait écrits ces dernières années : la mélodie, d’abord confiée uniquement aux notes cristallines du célesta, est ensuite reprise par les cordes auxquelles se joignent les chœurs ainsi que de discrètes percussions ; l’ensemble de l’orchestre s’emballe enfin lors de l’arrivée des cuivres qui reprennent la mélodie avec une solennité quasi religieuse. Timbales massives, trompettes majestueuses, clochettes de traîneaux : tout l’arsenal magique de Noël est alors déployé pour notre plus grand plaisir. C’est avec de telles pages que Silvestri nous rappelle qu’il fait encore partie des meilleurs musiciens classiques d’Hollywood, ceux dont l’écriture symphonique, aidée par des orchestrateurs/compositeurs de grand talent (William Ross et Conrad Pope), s’avère irréprochable et hautement savoureuse.
Quel dommage, dans ce cas, que les producteurs de l’album nous aient frustrés de tant de morceaux de bravoure tout aussi virtuoses ! Suite From The Polar Express propose certes un medley réjouissant de tous les thèmes dans une version exclusivement instrumentale, mais on aurait pu attendre également toute la scène d’action où le train prend de la vitesse en descendant la montagne et en pénétrant dans le tunnel, emportée par des élans impétueux et étourdissants, ou encore les nombreux passages pleins de tendresse et d’humour situés dans la lignée des Stuart Little et de Lilo & Stitch (autres scores excellents desservis par des albums désespérément rachitiques). Au final, la musique de The Polar Express est une indéniable réussite pour Alan Silvestri, hélas destinée à demeurer en grande partie méconnue, tout du moins sur disque.