Thor (Patrick Doyle)

Coups de foudre et conséquences

Disques • Publié le 21/06/2011 par

ThorTHOR (2011)
THOR
Compositeur :
Patrick Doyle
Durée : 72:04 | 24 pistes
Éditeur : Buena Vista Records

 

3 out of 5 stars

Si le dernier film de Kenneth Branagh, réalisateur peu à l’aise avec le blockbuster, s’avère aussi incongru et maladroit que prévu, c’est surtout la musique signée Patrick Doyle, ami de toujours (avec neuf scores composés pour le metteur en scène de Henry V), qui a suscité de vives réactions chez les amateurs. En effet, alors que le compositeur possède depuis fort longtemps un style très affirmé et reconnaissable, il semble avoir été sommé de s’aventurer comme tant d’autres sur les terres des studios Remote Control, désormais tout puissants à Hollywood, ce qui devait forcément mener à un résultat hybride un peu gênant.

 

Il est vrai que dans les deux premières pistes la tonalité pompière, les ostinati de cordes, les percussions synthétiques et les chœurs (synthétiques aussi ?) accusent certaines ressemblances avec des scores comme Clash Of The Titans (Le Choc des Titans) de Ramin Djawadi, autre film/score épique mettant en scène des héros mythologiques. Il faut donc attendre la fin du prologue pour entendre une belle mélodie cordée dont le lyrisme puissant renvoie indéniablement à Hamlet ou encore à Much Ado About Nothing (Beaucoup de Bruit pour Rien). A partir de là, rassurons-nous, Doyle reprend peu à peu la main, aidé par le fidèle James Shearman et le toujours impeccable London Symphony Orchestra : le thème associé à Thor et à ses amis est exposé assez tôt avec une noblesse, une générosité et une vigueur hautement entraînantes. Ce thème, porté par d’abondantes percussions et par des cuivres triomphants, est une véritable et enivrante réussite, repris plusieurs fois tant dans les séquences d’action que d’émotion par des violons passionnés. L’emphase, les grands élans mélodramatiques et la tendance à l’excès typiques du plus shakespearien des compositeurs hollywoodiens sont bel et bien présents et explosent lors des scènes de combats, de bannissements ou de retrouvailles, pourtant peu excitantes à l’écran.

 

Contrairement aux prévisions de béophiles catastrophistes, la musique de Thor n’a donc rien à voir avec l’échec ou la trahison que certains avaient annoncés et s’avère plutôt recommandable. Dans ce cas, qu’est-ce qui l’empêche de devenir un nouveau classique du calibre des précédents scores écrits pour Kenneth Branagh ou des fleurons de la fantasy tels Harry Potter And The Goblet Of Fire (Harry Potter et la Coupe de Feu) ? Malheureusement, un gros déséquilibre entre les réussites précitées et bon nombre de passages plus anecdotiques et fonctionnels voire ennuyeux, qui plombent un album par ailleurs beaucoup trop long. Entre deux éclairs de génie, Patrick Doyle n’échappe pas à la fadeur, ce qui prouve à quel point le film constituait un médiocre véhicule pour l’inspiration. Gageons néanmoins que notre Ecossais favori saura se rattraper sur Rise Of The Planet Of The Apes (La Planète des Singes : les Origines) !

 

Thor

Gregory Bouak
Les derniers articles par Gregory Bouak (tout voir)