HALLOWEEN II (2009)
HALLOWEEN II
Compositeur : Tyler Bates
Durée : 50:36 | 16 pistes
Éditeur : Abattoir Recordings




Deux ans après le remake du film d’origine, Rob Zombie et Tyler Bates remettent le couvert pour un film plus convaincant que le précédent à tous points de vue, s’affranchissant pour de bon de l’hommage servile à Carpenter. Cette fois-ci, le compositeur s’offre le luxe d’une édition chez un label qu’il a créé lui-même et qu’il a judicieusement nommé Abattoir Recordings ! Les fans du compositeur, mais aussi de la saga, auront donc enfin l’occasion d’apprécier le travail de Tyler Bates en dehors des images. Afin de rectifier un peu le tir, celui-ci propose en fin d’album une longue suite tirée du film précédent (H1 Killing Spree) qui fait donc entendre quelques reprises des motifs de Carpenter. Pour le reste, hormis le Halloween Theme 2009, différent de celui de 2007 car il n’utilise pas la voix soliste, le matériel est nouveau à 100% et c’est tant mieux.
Cela dit, bien malin qui saura faire la différence entre les expérimentations menées par le compositeur dans Halloween II et celles contenues dans ses autres partitions écrites pour Rob Zombie, à savoir Halloween et The Devil’s Rejects ! Tout y est uniformément sombre, confus, dissonant, cacophonique, lobotomisant, démoniaque… la liste des qualificatifs pourrait s’étendre à l’infini ! Plus que tous les autres compositeurs de la saga, Tyler Bates semble s’être attaché à créer un climat de folie hyperbolique, comme s’il voulait nous entraîner avec lui au plus profond de la psyché terrifiante du tueur, sorte de labyrinthe délirant de complexité et de noirceur. Fondée sur l’absence quasi-totale de thèmes et de motifs réellement identifiables, sa musique ne connaît que le chaos et l’anarchie : entièrement synthétique, elle rassemble une grande profusion de sons mêlant l’atmosphérique et le grinçant, tous plus dérangeants les uns que les autres, ce qui fera dire aux auditeurs les plus rétifs qu’il ne s’agit pas de musique mais, au mieux, de sound design et, au pire, de bruit.
Bates fait quelques clins d’œil ici et là aux principaux représentants de la musique horrifique synthétique des années 80 : on pense parfois à Brad Fiedel (Terminator), à Jay Chattaway (Maniac Cop) et bien sûr à Alan Howarth (le générique d’Halloween 4). Mais dans l’ensemble, il parvient à élaborer et à exploiter son propre canevas, succession ininterrompue de séquences étranges ou cauchemardesques correspondant à merveille aux images psychédéliques et ultra-violentes de Rob Zombie. Les longues marches nocturnes de Michael Myers à travers les champs et ses nombreuses visions oniriques occasionnent des morceaux hallucinés et hallucinants ponctués de vrombissements et de percussions dramatiques, marqués par des murmures hypnotiques puis des bribes de berceuses mélangées à des râles menaçants (I Killed A Man, I Won’t Let You Down). La rage fait merveille quant à elle dans Love Shack ou dans le long Rabbit In Red, où l’on reconnaît la prédilection du compositeur pour la musique industrielle.
Plus définitif que ses concurrents Charlie Clouser et Steve Jablonsky, qui œuvrent dans un registre similaire, Tyler Bates en arrive à tel degré d’extrémisme qu’il se transcende lui-même et accède à une indéniable grandeur. Le début de Brackett Finds Annie, seul morceau de lyrisme – totalement désespéré, évidemment – et de poésie au milieu de cet enfer, n’en paraît alors que plus bouleversant et témoigne du talent réel de ce compositeur, trop souvent réduit à des travaux peu marquants (le décevant Watchmen, les inédits See No Evil [Le Regard du Diable] et Day Of The Dead). Virtuose dans les ténèbres et la démence, la musique d’Halloween II est donc une expérience à tenter pour les béophiles courageux. Mais pour les autres, qu’ils soient ou non sous l’emprise de stupéfiants, attention au bad trip !