Halloween (Tyler Bates)

Partir, Revenir

Disques • Publié le 16/05/2010 par

HalloweenHALLOWEEN (2007)
HALLOWEEN
Compositeur :
Tyler Bates
Durée : 50:20 | 24 pistes
Éditeur : Hip-O Records

 

2 out of 5 stars

Satisfait de sa collaboration avec Tyler Bates sur The Devil’s Rejects, Rob Zombie fait de nouveau appel à lui pour le remake de Halloween. Le compositeur de Dawn Of The Dead (L’Armée des Morts) et de Slither (Horribilis) reprend alors le fameux thème de Carpenter en l’adaptant à sa manière, y ajoutant une voix féminine angoissée ainsi que quelques sonorités électroniques grinçantes supplémentaires. Cette énième version est peut-être supérieure à celle de Danny Lux pour Halloween : Resurrection, mais n’apporte tout de même pas grand chose de nouveau. C’est seulement après ce passage obligé que Tyler Bates élabore un univers plus personnel sous la forme de longues plages tantôt atmosphériques et dépressives tantôt brutales et dissonantes, toutes plus infernales que jamais. Digne petite sœur de The Devil’s Rejects mais rappelant également certaines partitions d’Alan Howarth (Halloween 4 surtout, pour son extrême noirceur) et les Texas Chainsaw Massacre (Massacre à la Tronçonneuse) de Steve Jablonsky, la musique d’Halloween plonge dans la psyché tordue et profondément maléfique du tueur, entraînant l’auditeur dans un monde menaçant où plus rien ne sera familier ni rassurant. Seules quelques rares minutes associées au personnage lumineux de la mère de Michael et aux souvenirs de la petite enfance autoriseront un semblant de mélancolie et de tendresse.

 

Contrairement à John Carpenter, qui choisissait de fonder son score sur l’obsession, l’idée fixe, la répétition jusqu’au vertige et au malaise, Tyler Bates préfère la progression erratique, aveugle, imprévisible, les collisions de sonorités toutes plus étranges et inattendues les unes que les autres, aboutissant lors des scènes de meurtres à des explosions de rage et de brutalité qui se noient dans la dissonance. Un orchestre est crédité au générique, mais il est fort peu aisé d’entendre en quoi il consiste exactement – hormis ici et là quelques cuivres grondants et un piano très grave – car Bates s’appuie avant tout sur les synthétiseurs. Il est compréhensible, dans ce cas, que sa musique s’avère particulièrement difficile à apprécier en dehors des images, et c’est sans doute pourquoi les producteurs n’ont pas voulu se risquer à sortir un disque, ce qui est regrettable pour le compositeur étant donné que tous ses prédécesseurs ont vu leur travail édité.

 

Ultime déception : si dans toute la première partie du film, celle qui porte vraiment la marque de Rob Zombie, Tyler Bates a carte blanche pour faire ce qu’il veut, ce n’est plus vrai dans la seconde, remake du premier film. En effet, sans qu’on sache vraiment s’il s’agit des vœux du metteur en scène, des producteurs ou du compositeur lui-même, presque tout le score se mue à son tour en un remake de celui de John Carpenter à partir du moment où Michael Myers, devenu adulte, s’évade de prison. Tous les thèmes originaux – thème du générique, thème de Laurie, thème de suspense, thème de l’attaque, thème des meurtres – sont systématiquement recyclés, adaptés sous des formes guère différentes de celles de départ et utilisés jusqu’à l’épuisement, ce qui rend la deuxième moitié du film encore plus fastidieuse. Étant donné que l’album de chansons édité par Hip-O Records ne contient de Tyler Bates que les variations sur les thèmes de Carpenter, il contribue à entériner la mauvaise opinion que l’on pourra avoir du film et du score. Quel dommage…

 

Halloween

Gregory Bouak
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