Seconds (Jerry Goldsmith)

SECONDS (1966)
Compositeur : Jerry Goldsmith
Éditeur : Quartet Records
Format : CD & LP
Date de sortie : 09/05/2022

	Voilà bien le genre d’approche aussi économe qu’efficiente qui a fait la réputation d’excellence de Goldsmith. La manière avec laquelle le compositeur fait cohabiter en un même cauchemar orgue funèbre, cordes effrayantes et piano à la sensibilité écorché est absolument admirable et renvoie à l’époque à son inestimable expérience télévisuelle.
	Tension et ambiance de sacrilège portée par un orgue nous rappelant qu’en français l’étrange film s’appelle L’Opération Diabolique. Composée dans la deuxième moitié des 60’s, le score rappelle combien le musicien fut un maître de la retenue instrumentale, de la mélodie et de l’effet qui font mouche, bien avant les loukoums des 90’s.
	En 2009, La-La Land proposait ce score en complément de I.Q. Les bonus de ce CD ont disparu, remplacés par d’agréables musiques d’ambiance. Cela dit, Quartet nous fourgue un CD de seulement 35 minutes. Mouais… Dans un style parfois gothique, Goldsmith souligne le drame du héros ayant perdu son identité et ses repères.
	Alors, ne vous attendez pas à des miracles au niveau sonore, même si l’amélioration est là (candidat à réenregistrement ?). Qu’à cela ne tienne, la partition dramatique (24 minutes) est magnifique, la tension, la terreur et la détresse psychologique. La triste mélodie qui sert de thème d’amour est particulièrement poignante.
	Quand Goldsmith comprend à merveille l’essence d’un film (ici la lente descente aux enfers d’un homme en proie au changement d’identité par culpabilité d’une vie trop morne), il en ressort une œuvre troublante, dissonante, malsaine et désespérée. Un Goldsmith rêche et pourtant plein d’émotions qui vous prend aux tripes en quelques secondes.
	Orgue, cordes, piano. L’autre face de Jerry. Les logiciels experts de Chris Malone prolongent la vie d’une partition concentrée, grise et minimaliste, comme échappée d’un opus anxiogène de Twilight Zone. Avec le film c’est parfait. Sans, ce travail reste limpide, non exempt de chaleur, à savourer pour ses nuances et parti-pris stylistiques.
	Nouvelle édition en mieux niveau son. Un thème à l’orgue et des variations, une courte partition exigeante pour le thriller de Frankenheimer. Quelques digressions annoncent de futurs travaux du maître. Indispensable pour l’amateur, mais pas vraiment pour le profane.