Evan Almighty (John Debney)

Après moi, le déluge

Disques • Publié le 03/03/2012 par

Evan AlmightyEVAN ALMIGHTY (2007)
EVAN TOUT-PUISSANT
Compositeur :
John Debney
Durée : 48:58 | 16 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

3.5 out of 5 stars

Animé d’une foi fervente et ayant déjà à son actif Bruce Almighty et The Passion Of The Christ (La Passion du Christ), John Debney, soyez-en sûrs, en connaît un rayon sur Dieu ! Sa participation à Evan Almighty (Evan Tout-Puissant), qui met cette fois-ci en vedette Steve Carrell, n’est donc pas une surprise, mais reste un excellent choix tant le compositeur se montre doué dans le registre de l’héroï-comique. Le nouveau thème principal de sa partition, The Ark Theme, bien que fort peu original, correspond parfaitement aux besoins du film et aux attentes des spectateurs : lyrique et généreux, plus grand que nature, faisant appel à toutes les ressources d’un orchestre et d’une chorale massifs, il se déploie avec une belle majesté et procure toute l’émotion nécessaire au succès des images. Forcément plus ambitieux que le précédent en raison des nombreuses références bibliques contenues dans le scénario, le score d’Evan Almighty se montre néanmoins souvent intimiste, illustrant la relation du héros avec Dieu et avec sa famille, ses doutes, ses inquiétudes. Les personnages de Steve Carrell et de Morgan Freeman ont chacun droit à un thème spécifique marqué par des cordes soyeuses, un piano omniprésent (celui de Michael Lang, qui a travaillé longtemps avec James Newton Howard) et une voix soliste, tantôt masculine tantôt féminine. Les moments réflexifs et contemplatifs sont nombreux et l’auditeur sera presque surpris de voir la place que peuvent prendre les morceaux à tendance mélancolique dans ce qui s’annonçait pourtant au départ comme une vaste pantalonnade : les chœurs éthérés, les flûtes angéliques et la clarinette se chargent de créer une atmosphère toute de fragilité et de délicatesse, nouvelle preuve du talent mélodique inné du compositeur.

 

Cependant, l’esprit du film ne serait pas correctement restitué si l’on oubliait les séquences de comédie et d’action, elles aussi largement représentées sur l’album (beaucoup plus conséquent que le précédent, Dieu merci !). On aurait pu craindre que ces scènes se révèlent pénibles à écouter à force de mickey mousing mais là encore, Debney semble trouver le ton juste en n’abusant pas de ce registre, bridant son orchestre juste avant de devenir tonitruant, jouant habilement avec les virevoltantes envolées de violons et les clarinettes malicieuses, introduisant de nombreuses percussions dans une parodie de musique militaire ainsi qu’une voix féminine porteuse d’une douce folie. Les choses sérieuses reprennent alors dans la dernière partie lorsque le thème de l’Arche s’impose de nouveau et que la solennité est remise à l’honneur. Les quatre dernières pistes de l’album se révèlent alors d’une très haute tenue mélodique et orchestrale, passant par toutes les nuances et les humeurs possibles, s’amplifiant au fur et à mesure que les enjeux du film s’intensifient. Les attaques de l’orchestre et des chœurs dans Take It Down sont d’une beauté à faire monter les larmes aux yeux, et Debney nous offre avec The Flood un morceau d’aventure et d’action d’une puissance à couper le souffle, le mot «épique» prenant ici tout son sens. Classique mais brillant, expansif mais non excessif, totalement respectable tant dans son inspiration que dans son exécution, le score de John Debney surpasse le précédent et confirme tout le bien qu’on pense du compositeur, digne représentant de ce que la musique de film symphonique hollywoodienne peut donner de mieux.

 

Evan Almighty

Gregory Bouak
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