CAPTAIN AMERICA: THE FIRST AVENGER (2011)
CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER
Compositeur : Alan Silvestri
Durée : 71:51 | 26 pistes
Éditeur : Walt Disney Records




Après avoir travaillé avec James Horner à quatre reprises, le réalisateur Joe Johnston a changé de compositeur à chaque nouveau film, compensant le manque de continuité artistique par des collaborations toujours impeccables, de Jurassic Park III à The Wolfman. C’est de nouveau le cas avec Captain America : The First Avenger, qui fait intervenir pour la première fois Alan Silvestri. Celui-ci, qui avait livré avec G.I. Joe et The A-Team (L’Agence Tous Risques) des partitions routinières et un peu décevantes, renoue avec ses grandes musiques d’action des années 90 et tout ce qui a fait la rutilance de son style depuis ses débuts.
Tout d’abord, quelques mots à propos de l’édition de ce score : une fois n’est pas coutume, le label Walt Disney Records, qui ne propose quasiment plus que des téléchargements et nous avait notamment privé d’une édition en disque de A Christmas Carol (Le Drôle de Noël de Scrooge), le meilleur cru Silvestri de ces dernières années, se montre fort généreux en proposant un album de plus de soixante-dix minutes. Il y aurait donc largement de quoi se contenter, s’il ne manquait pas le morceau le plus essentiel, disponible uniquement en téléchargement sur iTunes : Captain America March ! Un oubli incompréhensible à réparer absolument. Ce titre présente le thème du héros, fer de lance de la partition, martial et patriotique à souhait, sous la forme d’une fanfare triomphale à mi-chemin entre le style habituel de Silvestri et Superman de John Williams, sans compter les similitudes avec quantité de scores de space opera tels les Star Trek de Jerry Goldsmith ou encore Lost In Space (Perdus dans l’Espace) de Bruce Broughton. Il intervient à plusieurs reprises au fil de la partition mais jamais d’une façon aussi définitive que dans cette fameuse marche, ce qui est d’autant plus regrettable qu’à part cela, le score est plutôt faible d’un point de vue thématique. L’intégralité de la musique se situe en fait dans la droite lignée de tout ce que Silvestri a pu composer par le passé, à tel point que les mauvaises langues pourront critiquer le manque de renouvellement du musicien : mêmes orchestrations, mêmes motifs mélodiques, mêmes effets de dramatisation… En outre, l’aspect très massif et tonitruant de l’ensemble, durant plus d’une heure, pourra épuiser bon nombre d’auditeurs ; mais un tel constat ne saurait permettre de négliger tout ce qui fait la force et la séduction de ce score.
Entre deux morceaux de suspense un peu trop anecdotiques et fonctionnels, on compte des passages très prenants lors du départ du héros pour l’aventure, où se retrouve tout le talent de Silvestri en matière d’émotion et de magie, et surtout des pistes d’action d’une vigueur incroyable qui constituent l’atout majeur de Captain America : The First Avenger. Vagues de cordes entêtantes, percussions en abondance, cuivres solennels, acrobaties symphoniques vertigineuses : on se croirait revenu à la grande époque de Judge Dredd et Eraser (L’Effaceur), avec parfois quelques rappels du chef-d’œuvre du compositeur, The Mummy Returns (Le Retour de la Momie). A partir de l’entraînement du nouveau héros et surtout dans toute la seconde partie de l’album, les scènes de poursuites et de combats s’enchaînent à un rythme frénétique avec une puissance galvanisante et dévastatrice. Certes, il n’y a là aucune nouveauté et Silvestri se repose bien évidemment sur ses acquis, mais quelle efficacité et quelle véhémence ! Bon nombre de compositeurs de la nouvelle génération devraient en prendre de la graine…