Journey To The Center Of The Earth (Andrew Lockington)

Vingt Mille Lieues sous la Terre

Disques • Publié le 08/10/2010 par

Journey To The Center Of The EarthJOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH (2008)
VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Compositeur :
Andrew Lockington
Durée : 67:30 | 24 pistes
Éditeur : Silva Screen Records

 

4 out of 5 stars

Rescapée cahin-caha de la tourmente (le film est en effet une catastrophe), la bande originale de Journey To The Center Of The Earth (Voyage au Centre de la Terre) est due au jeune Andrew Lockington, disciple de Mychael Danna entré dans l’industrie à la fin des années 90 et révélé aux béophiles en 2006 avec le score de Skinwalkers. Autant le dire tout de suite : beaucoup de gens seront susceptibles de détester sa nouvelle musique car, à l’instar du long-métrage d’Eric Brevig, elle incarne la somme de tous les clichés les plus rebutants ayant cours au sujet de la musique de film hollywoodienne : trop présente – voire écrasante – dans le film, elle ne se contente pas d’accompagner ou de souligner l’action, elle la surligne, en fait des tonnes et se révèle souvent aussi redondante que terriblement pompière. Tellement exaltée, expansive, généreuse et dégoulinante de lyrisme hyperbolique qu’elle laisse entendre qu’il se passe des choses extraordinaires à l’écran alors que c’est loin d’être le cas, elle s’apprécie finalement beaucoup mieux en dehors des images car elle se suffit largement à elle-même. C’est d’ailleurs précisément pour toutes les caractéristiques que l’on vient d’énoncer qu’une autre catégorie de spectateurs, amateurs de musique symphonique et chorale hypertrophiée, pourront vouloir se repasser l’album en boucle bien qu’ils aient cordialement détesté le film.

 

Enregistrée à Londres dans les prestigieux studios d’Abbey Road et interprétée par un orchestre gigantesque accompagné du Crouch End Festival Chorus (mondialement renommé pour ses enregistrements d’œuvres classiques, mais aussi de musiques de films), la musique de Journey To The Center Of The Earth a bénéficié de moyens impressionnants et cela s’entend. Le thème principal, présenté dans le premier morceau et répété très régulièrement par la suite, crée une dynamique suffisante pour embarquer immédiatement l’auditeur dans l’aventure. Après quelques pistes assez brèves centrées sur l’aspect comédie du film et proposant des séquences de mickey mousing tout à fait correctes, le compositeur s’emploie à créer un suspense et une attente qui rendent d’autant plus appréciable l’arrivée de l’action : à partir de Climbing Sneffels, celle-ci sera présente de façon quasi-ininterrompue. Grandes envolées de cordes, mélodies accrocheuses, chœurs aux accents merveilleux, tout est fait pour compenser le manque de magie des images et pour susciter l’exaltation. Mystère, menace, tension, poursuites, glissades dans les tunnels, voyages en mer, multiples rebondissements : tout cela est abondamment noyé sous une cascade de délires symphoniques soigneusement orchestrés et dirigés par Nicholas Dodd, dont les collaborations avec David Arnold mais aussi avec Joel Goldsmith comptent pour beaucoup dans l’impression d’entendre un nouvel épisode de Stargate, avec des moyens encore plus gigantesques !

 

De ce fait, il est difficile de résister à la tornade qui s’empare de vos enceintes à l’écoute de morceaux comme Rope Descent, Mine Car Adventure ou encore Dinosaur : cuivres furieux, percussions déchaînées, rythme infernal… Mais le meilleur arrive avec les excellents Building The Raft et Storm, certes très pompeux mais portés par des chœurs splendides et faisant preuve d’un enthousiasme totalement ravageur. Au milieu de tout cela, le compositeur n’oublie pas quelques scènes d’émotion (Goodbye Max, la première partie de The Search For Sean) mais celles-ci font plutôt pâle figure au regard du reste. Pas originale pour deux sous mais brillamment écrite et exécutée, impersonnelle mais nourrie de références prestigieuses, pleine d’un mauvais goût délicieux, outrancière mais jouissive, la musique de Journey To The Center Of The Earth procure un plaisir aussi intense que coupable et laisse augurer du meilleur pour Andrew Lockington qui, après la réussite de Skinwalkers, frappe à nouveau très fort en s’élevant presque aussi haut qu’un John Debney en très grande forme. Vivement la suite !

 

Journey To The Center Of The Earth

Gregory Bouak
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