Journey 2: The Mysterious Island (Andrew Lockington)

Ce deuxième voyage tient-il ses promesses ?

Disques • Publié le 06/03/2012 par

Journey 2: The Mysterious IslandJOURNEY 2: THE MYSTERIOUS ISLAND (2012)
VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 2: L’ÎLE MYSTÉRIEUSE
Compositeur :
Andrew Lockington
Durée : 65:45 | 20 pistes
Éditeur : WaterTower Music

 

4 out of 5 stars

Si l’on garde un excellent souvenir de son travail pour Skinwalkers en 2006, on avait quelque peu perdu de vue Andrew Lockington depuis que ses attrayantes partitions pour Journey To The Center Of The Earth (Voyage au Centre de la Terre) et City Of Ember (La Cité de l’Ombre) avaient fait de lui l’une des révélations de l’année 2008. En effet, à moins d’être un adepte de la série Sanctuary, les occasions de juger pleinement de ses talents se sont faites plutôt rares. Aussi, même si une circonstance plus originale aurait sans doute été préférable, c’est non sans un certain plaisir que nous accordons ici d’emblée au musicien un satisfecit pour avoir accepté un second séjour familial placé sous le signe de Jules Verne.

 

Du coup, il est a priori inutile de chercher midi à quatorze heures. L’époque n’est depuis longtemps plus aux charmes des impressionnants décors peints et aux prouesses de l’animatronique ou de l’animation image par image à la Ray Harryhausen : compte tenu de leur degré de réalisme, les effets spéciaux numériques actuels ne requièrent plus d’un compositeur qu’il contribue, aux côtés des effets sonores, à rendre tangibles les cités fabuleuses et les créatures imaginaires peuplant l’écran. A l’image du précédent film, ce deuxième récit lui aussi tout à fait fantaisiste, pour ne pas dire naïf, donne donc avant tout matière à fournir une partition hautement illustrative… Petit exercice : imaginez un instant que vous ayez à choisir un soutien musical pour accompagner la découverte de l’un de ces livres pop-up particulièrement en vogue auprès des jeunes enfants… L’enjeu « artistique » majeur ne se résume-t-il pas alors simplement à élargir le cadre étroit de l’ouvrage, comme le fait d’ailleurs chaque pliage surgissant entre deux pages ?

 

Michael Caine dans Journey 2: The Mysterious Island

 

C’est précisément en tout cas ce qu’offre une fois de plus Lockington en complément de la 3D de ce Journey 2. Mais si la démarche ne présente aucune originalité, cela n’implique nullement qu’il ait accompli sa tache à la légère, loin de là ! Sans doute soucieux du détail, le compositeur canadien aura ainsi pris en amont le temps de réunir des rythmes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour les intégrer à son travail, une touche discrète d’un folklore jamais proéminent au sein d’une partition pour chœur et orchestre qui prolonge, en l’enrichissant, l’expérience acquise avec le film précédent. Il reprend ainsi son thème principal qui devient de fait un véritable hymne à l’aventure à la Jules verne, donne à entendre des accroches mélodiques solides (aux cuivres notamment) et de belles envolées lyriques magnifiquement servies par des orchestrations avenantes, riches mais jamais surchargées à outrance, où l’on reconnaîtra la patte et le savoir faire de Nicholas Dodd.

 

Bien sûr, les accents gentillets de comédie familiale disséminés ça et là pourront apparaître bien triviaux (Dwayne Johnson se chargeant même de pousser la chansonnette entre deux escapades mouvementées) et l’ensemble n’évite pas les convenances les plus attendues (une voix soliste féminine pour l’évocation de l’antique cité atlantéenne, des cordes aériennes pour un vol à dos d’abeilles géantes). Mais en dosant parfaitement chaque ingrédient et en combinant adroitement un sens aigu de l’aventure et une propension au merveilleux musical, Lockington propose une partition descriptive de belle facture, d’autant plus récréative que le présent film est sans cesse, plus encore que son prédécesseur, une invitation à souligner la beauté des paysages, à mettre en évidence les mystères des lieux, et bien entendu à prendre une part active aux multiples scènes de péripéties et de poursuites en tout genre qui ne manquent pas d’émailler le récit. L’énergie et la générosité ainsi déployées le sont en permanence à bon escient pour participer pleinement au spectacle chamarré qui s’offre aux yeux : c’est l’évidence même, et cela suffit à expliquer les attraits d’une telle musique dont l’écoute, dans la forme comme dans le fond, présente finalement tous les atouts pour titiller l’imagination de l’enfant qui sommeille en chacun d’entre nous. A moins d’être un indécrottable vieux ronchon, la magie opèrera sans aucun doute !

 

Journey 2: The Mysterious Island

Florent Groult
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