I STILL KNOW WHAT YOU DID LAST SUMMER (1998)
SOUVIENS-TOI… L’ÉTÉ DERNIER 2
Compositeur : John Frizzell
Durée : 50:57 | 12 pistes
Éditeur : Warner Bros.
Le renouvellement d’une grande partie de l’équipe technique pour le second opus entraîne également un changement de compositeur, et c’est alors John Frizzell qui succède à John Debney. Quel est le lien entre les deux compositeurs, hormis leur prénom ? L’influence rémanente de James Newton Howard, que Debney remercie dans les crédits de la musique du premier opus et qui est aussi le mentor de Frizzell au début de sa carrière, pour qui il a signé les thèmes de The Rich Man’s Wife et Dante’s Peak (Le Pic de Dante). I Still Know What You Did Last Summer (Souviens-toi… l’Été Dernier 2) fera donc de nouveau entendre quelques clins d’œil au compositeur de Devil’s Advocate (L’Associé du Diable), tout en étant frappé du sceau de Frizzell dont la personnalité s’affirme pleinement à la fin des années 90.
Tout auréolé du succès d’Alien Resurrection, qui reste son meilleur travail à ce jour, le compositeur livre ici une partition dantesque et ambitieuse, très présente dans le film mais hélas très peu représentée sur l’album de chansons, qui n’en propose que deux minutes – autant dire rien du tout ! Intitulé Julie’s Theme, le morceau en question propose le thème principal interprété par un piano aux sonorités cristallines et presque irréelles et par des voix féminines inquiètes et évanescentes, pour s’achever dans un pic de terreur strident et furieux. L’essentiel est donc présent, mais résumer tout le score à cela s’avère fort réducteur.
Il faut dire que Frizzell s’est vraiment lâché sur le score de I Still Know What You Did Last Summer. Répondant à la surenchère des images et du jeu des acteurs, il décide à son tour d’en faire des tonnes : grand orchestre avec encore plus de sonorités grinçantes et déstabilisantes, de percussions ébouriffantes, de gémissements de violons infinis et de sursauts de violence toutes les trente secondes… L’arsenal de l’horreur est ici déployé dans toute sa splendeur lors de séquences magistrales à la fois grandiloquentes et mélodramatiques, aux frontières de la parodie. Le travail sur les orchestrations est une fois de plus extrêmement élaboré et savoureux (Bennett Salvay saura s’en souvenir dans les Jeepers Creepers), les atmosphères savamment dessinées et les morceaux d’action d’une virtuosité impressionnante.
Si les passages dramatiques et solennels rappellent souvent JNH, en revanche les scènes de poursuite martelées et tonitruantes, emplies de cuivres pétaradants et de voix fantomatiques entre râles et gémissements, évoquent tantôt Beavis & Butt-Head Do America (Beavis & Butt-Head se font l’Amérique), tantôt Alien Resurrection, tandis que l’emploi très spécifique des cordes mêlées aux sonorités électroniques annonce les morceaux de bravoure de Stay Alive. Hormis quelques rares minutes de relâche, parfois étonnamment lyriques et mystiques (voir les chœurs envoûtants et émouvants lorsque les héros découvrent la salle de gym abandonnée), la musique, totalement débridée, hurle à nous déchirer les tympans avec un enthousiasme et une conviction qui laissent pantois. Un peu épuisant à force, un peu vain selon certains, l’exercice de style n’en demeure pas moins brillant et aurait mérité, à l’instar du premier opus, une édition digne de ce nom.