I, The Jury (Bill Conti)

Haut les Flingues

La décade prodigieuse • Publié le 01/02/2019 par

I, The JuryI, THE JURY (1982)
J’AURAI TA PEAU
Compositeur :
Bill Conti
Durée : 60:33 | 32 pistes
Éditeur : La-La Land Records (2013)

 

4 out of 5 stars

 

À notre pusillanime époque, on ne condescend à tolérer les prétendus tough guys qu’à la condition qu’ils donnent libre cours à leur part de féminité enfouie. C’est dire avec quels sourcils orageusement froncés eût été accueilli aujourd’hui Mike Hammer qui, sous les traits d’Armand Assante, tabasse, défouraille, jure comme un charretier, baise tout ce qui porte un jupon et exécute froidement de la première à la dernière image d’I, the Jury. Si trace de subtilité quelconque il y a dans cette adaptation délirante de Mickey Spillane, elle n’existe que par les soins prodigues de Bill Conti. De prime abord pourtant, sa musique ne semble vraiment pas se préoccuper de fine dentelle, avec cet explosif Main Title au tempo frénétique et à la carnation indéniablement virile. La suite fait cependant la part belle à une lancinante mélancolie jazzy, qui se morfond d’une vision plus ancienne, moins violemment moderne, du privé seul contre tous. Parce qu’il n’a peur de rien, Conti pousse cette veine à son paroxysme en célébrant, tout en finesse contenue, les poignantes épousailles de son thème principal, côté nostalgie, et de l’opus 37 (n° 1) des fameux nocturnes de Chopin. Cinq minutes d’un intense vague à l’âme, où cette redoutable partition, à la fois emblématique du hard-boiled scoring et irréductible à ses canons rugueux, puise l’essence de sa beauté.

  Mike Hammer, juge et partie(s fines)

Benjamin Josse
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