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Comme à l’habitude, la musique d’Howard Shore titille l’intellect : thriller oblige, on retrouve ici sa manière si distincte de filtrer la lumière à travers la formation orchestrale, une marque de fabrique qui évoque ici tout autant les développements glacés de The Silence Of The Lambs que la profonde humanité de A History Of Violence.
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C’est un peu une capsule temporelle musicale : retour (du roi ?) Shore à son style thriller typique des années 1990/début 2000 : mélodies troubles, tempo lancinant, orchestrations blafardes aux cuivres brumeux… Peu d’inattendu, le terrain est familier ; mais quel plaisir de s’y replonger !
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La première écoute m’avait laissé de marbre, mais les suivantes m’ont finalement convaincu, même si ce n’est pas le genre de score que j’écouterai souvent. Le compositeur distille une ambiance mystérieuse et lourde, mais aussi envoûtante, qui permet heureusement au score de se démarquer du simple papier-peint.
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Œil bleu, paysage gris. Shore couvre cette enquête d’un voile de brume supplémentaire, qui à l’image nous capture insidieusement dans ses volutes cendrées. À l’écoute isolée, de par son caractère atmosphérique et en dépit d’un bon thème principal, la composition se révèle un peu trop banale pour passionner.
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L’écriture dense de Shore (atmosphères à la Seven, en moins glaçantes) ne pouvait qu’aller comme un gant à cette fiction Netflix bien menée. Dominée par des cordes pesantes, une flûte traversière dépressive se fraye un chemin parmi les longues harmonies cuivrées, et donne à la musique son aspect sombre et inéluctable.
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Un score solennel et glaçant qui convoque les sonorités les plus sombres de LOTR ou du travail de Shore pour Cronenberg. Et bien sûr The Silence Of The Lambs, sujet oblige. Sans oublier de sévères accès de fureur. C’est « morbidement » beau. Le film est fort réussi, et quel casting, surtout Harry Melling, absolument saisissant en Poe !
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