L’Âge d’Or de la comédie musicale égyptienne

#6 : La farce musicale

Dossiers • Publié le 06/08/2018 par

L’irrésistible CHEWIKAR SAKKAL (1938-)


D’origine turque, cette actrice émoustillante est particulièrement renommée en Égypte pour ses nombreuses comédies. Mais ce sont surtout ses chansons et ses duos humoristiques avec le comique Fouad al-Mohandès qui restent dans la mémoire des spectateurs. Fouad était surtout connu du grand public grâce à sa minute de folie quotidienne à la radio et ses pièces de théâtre burlesque avec Chewikar. Ces deux acteurs formaient un fameux duo comique au début des années 70, à la scène, comme à l’écran et même dans la vie, puisqu’ils vécurent ensemble pendant de nombreuses années. Le summum musical de leurs bouffonneries est sans doute atteint, dans le film d’Hassan al Seifi Tuez-moi s’il vous plait (Iktilny Minfadlak – 1965), où la comédienne interprète une chanson avec un âne qui n’est autre que Fouad, transformé sous l’effet d’une potion.

 

Outre les délectables compositions de Mounir Mourad écrites pour le duo, on peut aussi noter la célèbre chanson de la comédie policière Le Gang des Démons (1970), réalisé par Nagdi Hafez et composé par un certain Foud Elzahri (1916-1988) (le titre, traduit par moi-même, est approximatif car le film est tellement obscur qu’il n’est même pas référencé sur IMDB).

 

Chewikar dans une scène musicale du film Espion malgré lui (1969)

 

Une autre séquence de film mémorable est la performance musicale de Chewikar en écolière impertinente (elle avait pourtant déjà plus de 30 ans) interprétant la chanson Monsieur le Professeur m’a Frappée, dans une comédie loufoque réalisé en 1968 par l’incontournable Hassan al Seifi : L’Homme le plus Courageux du Monde (Ashgaa Ragel Fil Alam). À l’origine, il s’agit de la chanson Kamel el Awsaf, composée par le grand Mohamed al Mougui, qui se retrouve transformée ici pour l’occasion en une version beaucoup plus pop et dansante.

 

Dans un numéro de l’émission musicale Stars Of The Ground, réalisé en 1966 par la télévision libanaise, on peut notamment voir Al Mougui lui-même interpréter cette superbe chanson à l’oud, en compagnie de son orchestre. Une véritable vidéo collector que tout mélomane se doit de conserver précieusement dans ses archives numériques.

 

La version de Chewikar reste cependant aujourd’hui plus populaire, car on peut parfois l’entendre dans des spectacles ou des émissions de télévisions égyptiennes de divertissements, interprété par des fillettes habillés en tenues d’écolières qui reprennent la chorégraphie et les grimaces de la comédienne. Le film, totalement loufoque, reste sans grand intérêt et vaut principalement pour la présence lumineuse de Chewikar et les chansons sarcastiques du très populaire chanteur-compositeur égyptien Sayed Mekawi (1926-1997).

 

 

Julien Mazaudier
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