L’Âge d’Or de la comédie musicale égyptienne

#6 : La farce musicale

Dossiers • Publié le 06/08/2018 par

L’excentrique MOUNIR MOURAD (1922-1981)


Mounir Mourad est un chanteur-compositeur très attachant. Fils du compositeur Zaki Mourad et frère de la célèbre Leila Mourad, il apparaît dans quelques films des années cinquante, comme Mon Amour et Moi (Ana wa Habibi – 1953) dans lequel il tourne en dérision le célèbre Farid al Atrache en massacrant l’une de ses plus célèbres chansons : Maalli Oultillou. En 1954, il récidive à nouveau, avec Wayak, repris par la jeune Lebleda sur une séquence comique du film Quatre Filles et un Officier (Arba Banat wa Dabit) d’Anwar Wagdi. On ne sait pas vraiment ce qu’a pensé al Atrache de ces parodies, mais lui qui était un bon vivant a probablement bien dû apprécier l’inventivité et le comique de ces délirantes saynètes musicales.

 

Le style musical de Mounir est souvent léger et burlesque, fortement inspiré par le jazz, la musique américaine de variété et même la culture française, puisque certaines de ses chansons comportent des textes interprétées dans la langue de Molière. C’est par exemple le cas du fameux Show du Canard, un duo chanté/dansé, avec Samia Gamal, sur un rythme latino-américain, dans La Fille du Quartier (Bint el Hetta – 1964) d’Hassan al Seifi. Étonnant morceau musical où les cultures américaines, françaises, cubaines et égyptiennes se mélangent en toute harmonie.

 

De 1950 jusqu’à la fin des années 70, on lui doit un nombre assez conséquent de titres écrits pour le cinéma, comme l’excellente chanson pop du film d’espionnage loufoque Espion Malgré Lui (El Ataba Gazaz – 1969) de Niazi Mostafa, interprété par la comédienne Chewikar.

 

Mounir Mourad dans une séquence musicale clownesque de Mon Amour et Moi

 

D’autres chansons de Mounir ont été chantées par l’irrésistible Chewikar dans Cet Homme me rend Fou (El ragol da hai Ganini – 1967), réalisé par Essa Karama, L’Homme le plus Dangereux du Monde (Akhtar Ragol Fil Alam – 1967) de Niazi Mostafa, et Les Vacances de l’Amour (Agazet Gharam – 1967) de Mahmoud Zoulfikar. Ce dernier film contient une séquence musicale cultissime entre Chewikar dansant debout sur une table et le comique Fouad al-Mohandès qui l’accompagne au tambourin.

 

Mais c’est surtout le fameux Qalbi ya Ghawy, dans Poursuite Amoureuse (Moutarada Gharamia – 1968), qui reste probablement l’une des chansons les plus célèbres du duo. Mounir Mourad s’est certainement bien amusé à composer ce voyage musical bien allumé, où l‘on passe d’une entêtante mélodie japonaise à un french cancan euphorisant, d‘une musique traditionnelle de far-west à un fandango espagnol… Au moment de la sortie du film, un 45 tours de cette chanson a même été édité, mais il est bien évidemment totalement introuvable aujourd’hui.

 

Julien Mazaudier
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