X2: X-Men United (John Ottman)

Le pouvoir du thème

Disques • Publié le 21/03/2025 par

X2: X-MEN UNITED (2003)
X-MEN 2
Compositeur :
John Ottman
Durée : 59:51 | 16 pistes
Éditeur : Superb Records

 

4 out of 5 stars

 

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est en tout cas ce que pourrait avoir pensé John Ottman, compositeur de musique pour le cinéma, mais aussi monteur et réalisateur. Collaborateur de longue date de Bryan Singer, Ottman avait été dans l’incapacité de mettre en musique le premier X-Men, réalisant à ce moment-là Urban Legends: Final Cut (Urban Legend 2 : Coup de Grâce). Qu’à cela ne tienne, Singer retrouve Ottman sur X2: X-Men United trois ans plus tard. L’approche d’Ottman de la composition n’est pas si différente de celle de Kamen sur le premier opus. Ainsi, X2 est avant tout un score thématique. C’est une dizaine de thèmes et motifs qui se disputent l’heure de score présentée sur l’album. On retiendra surtout le tonitruant thème des X-Men, l’émouvant thème de Jean Grey (Goodbye), qui sert aussi de thème de romance, l’impressionnant thème de Magnéto (Magneto’s Old Tricks) et le séduisant motif pour Mystique (Sneaky Mystique). Toutefois, l’intérêt d’Ottman ne semble pas réellement demeurer dans cette approche thématique.

 

En effet, ce qui ressort le plus de cette partition est avant tout le thème des X-Men, omniprésent, qui supplante tous les autres, qui sont relativement plus discrets. Épique à souhait et présent dès Suite From X2, il conserve une touche très williamsienne. Alors que le thème de Kamen s’accordait à tout, même de l’électro, ce nouveau thème s’affirme dans un cadre parfaitement orchestral. A la manière du Superman de Williams, on assiste à une montée en puissance impressionnante, basée sur six notes, une descendante puis cinq ascendantes. Cette simplicité apparente dans le thème permet notamment au compositeur de le réutiliser à peu près partout et de l’inscrire assez facilement dans la mémoire des spectateurs (il deviendra d’ailleurs le seul thème de toute la saga dont le grand public se rappelle). Il peut être entendu cinq secondes où être plus largement développé sur des longues pistes, comme il le sera dans le futur de la franchise. La prééminence de ce thème sur les autres montre bien la volonté d’Ottman : imposer au public un motif qu’il retiendra, et tant pis s’il oublie tout le reste.

 

Le deuxième élément qui ressort le plus de cette partition est l’enthousiasme visible dans la composition des morceaux de tension. Empruntant autant au Bernard Herrmann de Sinbad qu’au Don Davis de Matrix, en passant évidemment par John Williams, Ottman compose des pièces impressionnantes. Sur des morceaux comme Mansion Attack, It’s Time ou encore Death Strikes Deathstryke, Ottman convoque tout son passif de compositeur de film d’horreur (X2 étant bien plus sombre que le précédent). L’orchestre se fait parfois très bruyant. Les cuivres sont accentués dans un ton gras, les cordes commencent à crisser, les percussions les plus variées détonnent, pendant que le spectateur sursaute et se sent menacé. D’autres fois, il se fait très silencieux, les cordes planant de manière menaçante, montant légèrement dans des tons effrayants, parfois presque dans un registre désagréable. Et parfois, en contraste, il reste dans des tons très mélodiques, presque grandiloquents, avec des chœurs très énergiques et un vrai rythme qui monte rapidement en tension et en stress. Car Ottman n’oublie jamais réellement de garder des mélodies, mêlant ses nombreux thèmes à ses pistes inquiétantes et ajoutant même certains motifs n’apparaissant qu’une fois (comme un motif pouvant s’attribuer aux forces armées dans Mansion Attack). De ces morceaux plus inquiétants, prenant une bonne moitié du disque, seul le thème des X-Men, toujours omniprésent, permet à l’auditeur de souffler.

 

Se pose alors une différence majeure avec le premier opus. Ottman, sans surprise, n’est pas que compositeur du film, mais aussi son monteur. Ainsi, à l’image, la musique est toujours impeccablement calée. Bien mise en avant, elle sait laisser des moments de silence et n’est jamais réellement recouverte par le sound design durant les scènes de combat. Elle ajoute de la tension quand nécessaire et souligne habilement l’émotion. La musique apporte une nouvelle dimension au film sans prendre trop de place, restant un composant du film et ne s’imposant vraiment que rarement au spectateur. Plusieurs critiques pourraient être soulevées à l’écoute de cette partition : les thèmes ne sont pas mémorables (en dehors du principal), ça n’a pas de personnalité ou ça ne dit rien d’intéressant. Pourtant, force est de constater au visionnage du film que c’était tout ce dont avait besoin le film de Singer. Une réelle fusion a lieu entre l’image et la musique, apportant pile ce qu’il faut à chaque scène avec une intelligence et un vrai sens de la dramaturgie. La musique de X2 offre donc une très bonne expérience isolée, mais surtout c’est une petite merveille écoutée avec le film qu’elle accompagne.

 

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