The Resident (John Ottman)

L'inconnu dans la maison

Disques • Publié le 18/11/2011 par

The ResidentTHE RESIDENT (2011)
LA LOCATAIRE
Compositeur :
John Ottman
Durée : 48:24 | 17 pistes
Éditeur : Pale Blue Limited

 

1.5 out of 5 stars

La carrière de John Ottman, à l’image de ses héros, n’en finit plus de sembler décoller pour sombrer à nouveau dans le marasme. Après deux musiques convaincantes en 2009, Orphan (Esther) et surtout Astro Boy, le voilà retombé dans la routine (The Losers), voire dans la médiocrité. A ce titre, l’année 2011 est fort éloquente : deux scores de thrillers (genre dans lequel Ottman s’est tellement illustré qu’il n’a absolument plus rien à dire aujourd’hui), Unknown (Sans Identité) et The Resident (La Locataire), tous deux sans âme et sans saveur. Dans le cas du second, la nullité du film n’aide guère à faire passer la pilule : le compositeur a beau s’échiner comme un diable, la sauce ne prend jamais et le spectateur baille d’ennui quand il ne pleure pas de pitié…

 

Pourtant, sur l’album, les choses commencent plutôt bien : une mélodie mélancolique au piano, une atmosphère brumeuse et fragile, quelques cordes en arrière-fond et des sonorités synthétiques vaguement menaçantes, tout est réuni pour créer le climat adapté au malaise que veut susciter le film. Quant au Main Titles, il reprend Theme From The Resident en lui ajoutant des rythmes synthétiques martelés et des cordes nerveuses, créant un sentiment d’urgence immédiat avant de retomber dans la dépression ; on pense alors à quantité d’autres musiques écrites par le compositeur depuis dix ans, telles Gothika, House Of Wax (La Maison de Cire) ou encore Cellular… L’ensemble s’avère suffisamment entraînant pour faire illusion le temps du générique, mais peu après les choses se gâtent. Tout d’abord, Ottman renonce presque entièrement aux mélodies, et ensuite, selon la fâcheuse tendance qui est la sienne mais également celle de Hollywood depuis des années, il ne propose en guise de «musique» rien d’autre que des effets sonores. Disposant d’un orchestre manifestement rachitique et se rabattant sur une impressionnante banque de sons dans laquelle il n’a qu’à puiser de façon aléatoire en appuyant sur une touche de son clavier, le compositeur bourre les images de grincements, de craquements, de claquements, de frottements, de crissements, de susurrements, avec pour seul résultat : l’épuisement !

 

De temps à autre, le malheureux tente de réveiller l’intérêt en introduisant quelques notes de piano ici ou là et quelques mesures de violons pour suggérer la détresse de l’héroïne, mais cela ne fonctionne hélas jamais. Il est bien loin le temps de Jerry Goldsmith et de Christopher Young – pourtant idoles de John Ottman – où l’on se fatiguait encore à concevoir des mélodies et des instrumentations sophistiquées pour susciter la peur. Dans The Resident comme dans pléthore d’autres thrillers à la manque, on ne compte plus que sur les SFX pour tenter de faire sursauter le spectateur toutes les dix secondes. De tension, point, de peur, que nenni, d’émotion, pas l’ombre d’une : tout cela est d’une pauvreté désespérante… Le compositeur, jadis élève doué mais préférant visiblement les troubles jeux, est décidément tombé dans un mauvais piège !

 

Un bisou ! Un bisou !

Gregory Bouak
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