Spider-Man: Homecoming (Michael Giacchino)

Arac Attack

Disques • Publié le 28/06/2019 par

Spider-Man: HomecomingSPIDER-MAN: HOMECOMING (2017)
SPIDER-MAN: HOMECOMING
Compositeur :
Michael Giacchino
Durée : 66:27 | 22 pistes
Éditeur : Sony Classical

 

4 out of 5 stars

 

Alors que Avengers: Endgame cartonne encore au box-office et que Spider-Man s’apprête à faire un retour triomphant cet été dans de nouvelles aventures en solo loin de chez lui, n’est-il pas opportun de revenir sur la bande originale du premier épisode, sobrement intitulé Homecoming, et composée par Michael Giacchino, qui est loin d’être un petit joueur à la lecture de son impressionnant CV ? En même temps, l’homme-araignée a toujours eu droit à des compositeurs expérimentés pour accompagner musicalement ses aventures au cinéma, et ce depuis 2002 : Danny Elfman, Christopher Young, James Horner, Hans Zimmer… excusez du peu.

 

Si l’on garde volontiers en tête la mélodie de la série animée ultra kitsch des années 60 (citée en hommage au tout début de l’album de Homecoming), de nombreux jeunes adultes songeront surtout en premier lieu à la grande envolée lyrique pondue par Elfman pour la première trilogie au cinéma initiée par Sam Raimi. Ladite envolée, bien qu’identifiable, n’en demeurait hélas pas mémorable en raison d’une part de sa longueur et d’autre part des choix d’orchestration. Sur cet aspect, les thèmes des méchants, et même celui du Spider-Man noir (du mal-aimé épisode 3), demeuraient bien plus aisés à siffloter. Et c’est peut-être là l’une des forces de la musique de Giacchino pour ce Spider-Man cuvée 2017 : l’œuvre se structure autour de quatre grands thèmes musicaux dont deux sont clairement identifiables.

 

Spider-Christ

 

Le premier, c’est bien entendu celui de notre héros arachnéen : un enchaînement rapide de petites notes qui permettent au compositeur de coller à la vivacité de Peter Parker, présenté ici comme un adolescent maladroit mais attachant qui tente plus de jouer les super-héros que d’en être un. De la même manière que le réalisateur a décidé d’emprunter au teenage movie, la partition recèle plusieurs pistes légères et entraînantes, comme pour rappeler l’insouciance de l’adolescence (Academic Decommitment, On A Ned-To-Know Basis, No Vault Of His Own). Il n’en oublie pas pour autant l’action, qu’il marie efficacement avec la comédie. Le meilleur exemple demeure la reprise du thème dans Drag Racing / An Old Van Rundown pour accompagner une scène de course-poursuite mouvementée mais hilarante.

 

Le deuxième leitmotiv majeur est celui du Vautour, incarné par l’ex-Batman Michael Keaton. Un motif assez protéiforme dont la première apparition sur le disque accompagne directement la citation du thème des Avengers d’Alan Silvestri au début de la deuxième piste (The World Is Changing). Une utilisation astucieuse car elle permet d’illustrer le basculement du personnage vers le côté obscur avec une reprise extrêmement menaçante par la suite (dans la même piste à 3:47) et qui le restera, comme pour dire que le personnage a définitivement choisi le camp des méchants. De la même façon, on appréciera une reprise plus discrète dudit thème dans la piste Pop Vulture, titre rappelant comme souvent l’habitude de Michael Giacchino d’user de petits jeux de mots pour nommer les pistes de ses albums.

 

Les deux autres thèmes, un peu plus mineurs mais méritant d’être cités, sont ceux relatifs d’une part à Michelle (le béguin de Peter dans cet épisode, cf. No Vault Of His Own à 1:59) et à Iron Man (Drag Racing / An Old Van Rundown à 3:52 et Ferry Dust Up à 1:53).

 

Vulture Culture

 

On a donc affaire à une musique de blockbuster assez rafraîchissante par sa simplicité apparente et la bonne humeur qu’elle véhicule. Certes, l’action et la comédie se taillent la part du lion, mais le disque réserve quelques plages plus intimistes du meilleur effet grâce à une dissémination pertinente des quatre thèmes évoqués. Tout cela participe à faire de Spider-Man: Homecoming une partition relativement surprenante pour un épisode du Marvel Cinematic Universe. Alors même que Giacchino avait déjà officié sur un autre épisode de la saga (un Doctor Strange massif et bourré de chœurs et de sonorités expérimentales), il opte ici pour un style plus léger et plus catchy qui sied magnifiquement bien au héros du jour.

 

Les plus attentifs retrouveront çà et là les tics habituels de composition et d’orchestration de Giacchino, ici au service d’une œuvre bénéficiant d’un capital sympathie indéniable et d’une édition efficace (album bien structuré, présence d’une dernière piste résumant parfaitement le contenu thématique…). Il ne reste plus qu’à espérer que le second épisode, attendu en juillet 2019, soit de la même trempe. Et tant que Michael Giacchino reste aux commandes, il n’y a pas vraiment de crainte à avoir.

 

Spider-Pause

Vincent Delhomme