Da Vinci’s Demons (Season 3) (Bear McCreary)

La chute d'Icare

Disques • Publié le 10/06/2016 par

Da Vinci's Demons (Season 3)DA VINCI’S DEMONS (SEASON 3) (2015)
DA VINCI’S DEMONS
Compositeur :
Bear McCreary
Durée : 70:43 | 15 pistes
Éditeur : Sparks & Shadows

 

4 out of 5 stars

La troisième et dernière saison de Da Vinci’s Demons met aux prises le compositeur Bear McCreary avec plusieurs défis. Tout d’abord, garder l’unité thématique dans une succession d’épisodes aux multiples ponts narratifs (l’invasion de la cité d’Otrante par les turcs, l’empoisonnement de Leonard par la secte du Labyrinthe…). Ensuite, apporter à ses pièces musicales la même qualité d’écriture. Et enfin, soutenir l’action et les émotions véhiculées par l’histoire de De Vinci et celle de tous les personnages qui lui gravitent autour. Et le compositeur relève ce défi haut la main, une fois de plus. Il choisit de nous offrir, en guise d’ouverture de l’album, une version étendue de son générique avec une première minute entièrement acoustique d’une grande tenue. Le quartet à cordes, souvent mis en avant pendant les deux premières saisons, joue ici le rôle de pulsation en reprenant l’ostinato du thème, et le musicien confie la ligne mélodique à la viole de gambe. Le thème central apparait également dans de longues respirations de cordes, à l’image de Living The Dream qui développe également le thème de Lucrezia, ce dernier revenant dans des morceaux (dont certains, assez arabisants) comme The Enlightened ou les majestueux Messages From Mother et Lucrezia, qui sont définitivement des sommets de composition.

 

Au rayon des thématiques nouvelles, on peut noter la création d’un motif propre au personnage de Nico (Machiavel), à la fois malicieux et simple (figure 11). L’amateur de morceaux d’action ne sera pas non plus en reste. La tension de certaines pièces est confiée à des figures d’ostinati de cordes (comme dans le long – près de 7 minutes – et très mystérieux Piero da Vinci, les galvanisants Modus Operandi et Death Beneath The Horns) et des ponctuations de percussions lourdes assez caractéristiques du style McCreary.

 

La bataille d'Otrante

 

Le compositeur a choisi d’inverser l’ordre des accords principaux du thème de Leonard pour donner une sensation de malédiction (Do mineur – La mineur – Mi bémol majeur – Sol au lieu de Mi bémol majeur – Sol – Do mineur – La mineur). L’effet est garanti, on sent tout le poids de la responsabilité de De Vinci dans les évènements qui se déroulent sous ses yeux. Tandis qu’il doit se résoudre à couler le navire qui porte le prince Ottoman et la mère du génie Florentin, De Vinci doit en outre faire face, dans les rues d’Otrante, à une version du tank à multiples canons qu’il avait dessiné. Le musicien se concentre ici à la fois sur l’action et sur la volonté de survie des personnages. Pour ce faire, les chœurs font une entrée quasi-liturgique dans le morceau le plus long de l’album (plus de 10 minutes pour The Tank Yard) où les cordes prennent aussi une certaine ampleur, le tout formant une sorte de canevas de la destinée de De Vinci, qui doit se battre, en quelques sorte, contre lui-même. C’est sans doute le morceau le plus impressionnant de tout l’album ! Les chœurs sont encore et toujours à l’honneur dans une autre piste toute aussi impressionnante et qui prend le contrepied du morceau d’action classique pour illustrer la bataille d’Otrante (The Battle Of Otranto). Le compositeur verse alors dans l’élégiaque d’une manière tout à fait remarquable. Son approche chorale du thème du Pape et de Rome sera prompte à vous donner des frissons tant elle sonne de façon lugubre.

 

L’album se conclut par une grandiose reprise du thème principal (celui de Leonard, donc) dans People Of Accomplishment. McCreary termine alors en beauté sa trilogie en nous livrant une dernière citation du générique où les chœurs supportent avec élégance une large section de cordes. Au total, le compositeur nous livre un troisième opus, certes moins riche en nouvelles thématiques, mais qui propose en fin de compte des relectures passionnantes, et parfois même enivrantes, des thèmes qu’il a créés pour la série de Starz. Grazie mille, Maestro McCreary !

 

Da Vinci's Demons (Season 3)

Christophe Maniez
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