House On Haunted Hill (Don Davis)

La maison aux fenêtres qui rient

Disques • Publié le 25/11/2011 par

HOUSE ON HAUNTED HILL (1999)
LA MAISON DE L’HORREUR
Compositeur :
Don Davis
Durée : 53:23 | 25 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

3.5 out of 5 stars

 

Pour mettre en musique le premier film produit par le studio Dark Castle Entertainment, il aurait semblé logique que le compositeur fétiche de Robert Zemeckis, Alan Silvestri, également collaborateur de Joel Silver sur les Predator, soit retenu d’office. Or, il n’en est rien car le producteur, qui venait de décrocher la timbale avec The Matrix, a finalement décidé de faire confiance au compositeur des frères Wachowski, Don Davis. Ce dernier, peu connu avant la sortie du film qui allait marquer d’une pierre blanche la science-fiction du nouveau millénaire, s’est depuis illustré avec brio dans Jurassic Park III puis dans les deux suites de la trilogie The Matrix. Féru de musique contemporaine et expérimentale, il s’est attelé au remake du classique de William Castle avec un art consommé de la dissonance, fort à propos pour accompagner des images aussi barbares.

 

Le score de House On Haunted Hill (La Maison de l’Horreur) s’ouvre sur une marche solennelle principalement confiée à un orgue d’église bientôt rejoint par des cordes entonnant la mélodie principale, qu’on réentendra à plusieurs reprises sur un mode tantôt triomphal, tantôt menaçant, en tout cas imposant. Le piano est lui aussi de la partie, mystérieux et enjôleur, toujours chargé d’une nostalgie prête à basculer dans la violence. Le classicisme affiché de ce Main Title est cependant contrebalancé par les sonorités très contemporaines du morceau suivant, Pencil Neck, situé dans la lignée de Ligeti et Penderecki, mais aussi des terribles expérimentations de The Matrix. Emplie des voix furieuses et sataniques des déments enfermés dans l’asile puis brûlés vifs, cette piste constitue l’introduction d’une sorte de messe noire disséminée à intervalles réguliers tout au long du score, hurlant le Dies Irae à pleins poumons, à grands renforts de clusters acrobatiques, de cuivres déchaînés et de percussions métalliques. Chaque fois que les fantômes de la maison se manifestent et que les victimes se font décimer, la musique part à l’attaque avec une agressivité peu commune et laisse l’auditeur totalement abasourdi.

 

Le reste du temps, on trouve bon nombre de plages atmosphériques presque exclusivement électroniques, planantes et parfois interrompues par de brusques crissements chargés de faire sursauter l’auditeur, ainsi que quelques morceaux plus insolites : ambiances jazzy et romantico-sexy, influences arabisantes et orientales inattendues, valse mélancolique, extrait d’un quatuor de Brahms arrangé par Davis, envolées de rock/métal… Cet ensemble très composite permet de maintenir un intérêt suffisant tout au long des cinquante-trois minutes que dure l’album, parcouru de fulgurances rageuses et tonitruantes annonçant le slasher Valentine (Mortelle St-Valentin). Suite à une majestueuse pièce chorale plus apaisée et aux accents très liturgiques (The Price Petard), les morceaux finaux vont crescendo et aboutissent à une apothéose de l’horreur qu’on hésite encore à qualifier de musique tant les chœurs et l’orchestre sont malmenés ! Très exigeante et relativement difficile d’accès, la partition de Don Davis pour House On Haunted Hill est au final une réussite originale et stupéfiante de maîtrise, mais certainement à ne pas mettre entre toutes les oreilles…

 

Famke Janssen dans House On Haunted Hill

Gregory Bouak
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