The Beaver (Marcelo Zarvos)

Castorama

Disques • Publié le 07/07/2011 par

The BeaverTHE BEAVER (2011)
LE COMPLEXE DU CASTOR
Compositeur :
Marcelo Zarvos
Durée : 46:27 | 19 pistes
Éditeur : Summit Entertainment

 

3 out of 5 stars

Plus de quinze ans après son dernier film, Jodie Foster revient à la réalisation et échange le compositeur Mark Isham, auteur des scores de Little Man Tate (Le Petit Homme) et de Home For The Holidays (Un Week-End en Famille), contre le très en vogue Marcelo Zarvos, qui affiche à son palmarès des titres fort respectables tels The Good Shepherd (Raisons d’Etat) ou Sin Nombre. Habitué aux univers intimistes et dramatiques et aux petites formations, Zarvos trouve en The Beaver un projet qui lui correspond en tous points.

 

Pour illustrer la personnalité complexe du héros, qui dès le début du film est montré au cœur de la dépression, le compositeur choisit un mélange instrumental a priori insolite mais ayant déjà fait ses preuves à de multiples reprises : quelques instruments à cordes, quelques percussions discrètes, un piano et surtout un accordéon, qui deviendra rapidement l’incarnation musicale du castor, dont les accents un peu vieillis, tantôt enjoués tantôt mélancoliques, illustreront à merveille l’esprit caustique de l’étrange créature. A mi-chemin entre tangos entêtants et morceaux agréablement jazzy (c’est là que l’on se demande pourquoi la réalisatrice n’a pas fait de nouveau appel à Mark Isham, expert dans ce domaine), Zarvos crée un univers un peu dingo au ton très doux-amer qui doit beaucoup aux partitions de Thomas Newman. A ce titre, l’on remarque que l’une des principales caractéristiques du score de The Beaver est d’afficher clairement ses influences : outre les travaux de Carter Burwell et de Mychael Danna imitant eux-même le style de Thomas Newman, les béophiles avertis reconnaîtront ici et là The Big Kahuna de Christopher Young, As Good As It Gets (Pour le Pire et pour le Meilleur) de Hans Zimmer ou encore The Butcher Boy d’Elliot Goldenthal.

 

Ces diverses références n’empêchent pas du tout d’apprécier le travail effectué par Zarvos, qui accompagne avec subtilité les nombreuses variations d’états d’âme des héros. D’un thème tourbillonnant et accrocheur interprété par l’accordéon et la batterie, qui oscille savamment entre émerveillement et nostalgie grâce à l’intervention ponctuelle d’un hautbois et d’un xylophone, on passe à une longue complainte pour piano seul et à des vagues de cordes très sombres lors des plongées au plus profond de la tristesse, ou bien à des stridences hystériques lors d’une parodie de scène d’horreur, avant de retrouver rapidement un rythme de croisière, introspectif, élégiaque et envoûtant. Certains pourront déplorer à juste titre une tonalité très monochrome et une alternance trop régulière de pistes quasiment identiques, mais encore une fois la musique a été composée pour le film et elle en constitue sans doute l’un des aspects les plus réussis. Sobre, attachante et d’une efficacité indéniable à défaut d’originalité, la partition de The Beaver aurait au final largement mérité une édition en disque, mais les amateurs de Marcelo Zarvos pourront déjà se satisfaire de cet album en téléchargement, au contenu plus que suffisant.

 

The Beaver

Gregory Bouak
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