El Cid (Miklós Rózsa)

Résurrection

Disques • Publié le 13/09/2008 par

El CidEL CID (1961)
LE CID
Compositeur :
Miklós Rózsa
Durée : 182:11 | 56 pistes
Éditeur : Tadlow Music

 

5 out of 5 stars

C’était incontestablement le réenregistrement le plus attendu de l’année. Après nous avoir offert en 2007, centenaire de la naissance de Miklós Rózsa, un Private Life Of Sherlock Holmes (La Vie Privée de Sherlock Holmes) de haute tenue, James Fitzpatrick et toute l’équipe de Tadlow Music nous présentent donc aujourd’hui pour la première fois, non sans fierté (et il y a de quoi), l’intégralité de la partition composée par le maître hongrois pour le célèbre film d’Anthony Mann. Nous sommes alors en 1961, et après une décennie de productions historiques à grand spectacle (depuis Quo Vadis), Rózsa signe ce que bon nombre de passionnés considèrent comme sa contribution la plus inspirée pour le genre, ce qui revient encore à la sous-estimer méchamment… car si on ne reviendra pas ici sur les innombrables qualités de cette partition, lesquelles pourront faire l’objet d’une étude détaillée à l’avenir, on ne se privera pour autant pas d’affirmer haut et fort, comme le fait d’ailleurs Martin Scorsese (grand admirateur de Rózsa), qu’il s’agit là ni plus ni moins que l’une des plus belles musiques de l’histoire du cinéma, imposant une écriture symphonique d’une exquise beauté, à nulle autre pareille.

 

Et c’est bien cette beauté que parviennent à restituer, intacte, Nic Raine et le City of Prague Philharmonic Orchestra au travers de ce réenregistrement haut de gamme : envolées les maladresses des temps passés (ceux qui ont encore en mémoire les interprétations approximatives pour le label Silva Screen savent de quoi il est question), aux oubliettes également la louable mais empesée tentative du pourtant talentueux James Sedares qui, à la tête du New Zealand Symphony Orchestra (pour le label Koch International en 1996), avait lourdement échoué à faire honneur à ce chef-d’œuvre. Sûre, précise et enlevée, la direction d’orchestre de Nic Raine supporte parfaitement la comparaison avec celle de Miklós Rózsa qui avait lui-même plusieurs fois fait réentendre des segments de sa partition. Il parvient ainsi sans peine et avec beaucoup de nuances à rendre aux inoubliables mélodies tantôt leur puissante majesté, tantôt leur délicatesse infinie, et à galvaniser les marches si chères au compositeur. L’orchestre de Prague apparaît transfiguré, et l’équilibre (re)trouvé entre les pupitres, idéalement servi par une prise de son à l’impeccable clarté, tient lui carrément du miracle.

 

Voilà pour l’ivresse… mais il reste que le flacon est lui aussi à l’avenant. Nichés au sein d’un écrin au design élégant et pourvu d’un livret fourni et instructif, les deux premiers CD proposent d’abord les quelques 149 minutes de musique qui composent la partition, auquelles s’ajoutent sur une troisième galette plus d’une vingtaine de minutes de prises alternatives, ainsi que des archives vidéos issues des sessions d’enregistrement et d’une interview avec les deux maîtres d’œuvre, Nic Raine et James Fitzpatrick. Petite cerise en complément de programme, une bien belle suite de 8 minutes issue de Double Indemnity (Assurance sur la Mort). Admettons-le : il n’y a pas encore si longtemps, nous aurions douté de la bonne conduite d’un tel projet comme de la qualité de sa mise en œuvre. L’exploit est bien là : plus qu’une simple entreprise de préservation en faveur d’une partition mythique, ce réenregistrement-évènement qui côtoie rien de moins que la perfection est tout bonnement un acte de foi artistique.

 

El Cid

Florent Groult
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