X-MEN: THE LAST STAND (2006)
X-MEN : L’AFFRONTEMENT FINAL
Compositeur : John Powell
Durée : 63:43 | 27 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande




En 2025, les films de super-héros débordent littéralement des salles. Les critiques d’indigence et de productions uniformisées sont légion. En 2006, les super-héros se font encore très discrets. X-Men: The Last Stand sort alors en salle, conclusion de la trilogie mutante débutée en 2000 avec X-Men. Pourtant, X3 porte déjà les symptômes de la standardisation du genre. Raté de par son écriture bateau, sa mise en scène basique et ses effets spéciaux désormais vieillots, cette conclusion n’est tout de même pas un ratage complet. Le réalisateur Brett Ratner a fait un bon choix : engager le compositeur prometteur John Powell.
Alors qu’il avait été choisi sur la promesse d’un score dans la lignée de The Bourne Identity (La Mémoire dans la Peau), John Powell prend une toute autre direction et développe une musique purement symphonique et orchestrale, cohérente avec la proposition de John Ottman pour X2 (X-Men 2). Le thème principal, introduit dès la première piste mais se révélant réellement dans Bathroom Titles, s’inscrit dans le travail de Kamen et Ottman sur les deux précédents films. C’est une montée en puissance épique tout à fait attendue, même si fort bien réalisée. A l’image, le thème continue dans une section plus grave, toujours épique mais plus menaçante, référence à l’ambivalence du gène X. L’album nous prive de cette version avec une piste raccourcie qui s’arrête à la simple montée en tension.
Ce qui intéresse nettement plus Powell ici (et nous avec) est Phoenix. Dans un mouvement opposé au film (Phoenix devenant rapidement une intrigue secondaire au profit du remède pour les mutants), son thème domine largement le score. Il apparaît dès Whirlpool Of Love et imprègne ensuite tout le score jusqu’au dernier morceau. Épique, grandiose, lyrique, ce thème englobe la figure de Jean Grey dans toute sa complexité, parfois scandé par des chœurs, rythmé par des percussions et largement soutenu par des cuivres. Powell assume clairement le côté grandiloquent de l’oiseau mythique. Il n’hésite pas non plus à lui ajouter des parties plus tragiques, toujours soutenues par les chœurs (donc dans une position très ambivalente) et plus grave sur les scènes de déchainement de Phoenix, d’abord avec Logan dans Rejection Is Never Easy puis avec le Professeur X dans Dark Phoenix’s Tragedy. Il laisse alors la place à un motif nettement plus menaçant. Les chœurs montent en tension jusqu’à un point de rupture, où les cuivres et chœurs se déchainent, tandis que les percussions tombent dans le martial. Le tout est très effrayant dans sa démesure et caractérise bien le pouvoir immense de Phoenix. Ensuite, il se mélange plusieurs fois au thème de romance. Très paradoxal, ce mix est d’abord introduit pour les retrouvailles de Jean Grey et Scott Summers, où il illustre la lutte entre les enjeux romantiques, qui tournent autour de Jean Grey, et Phoenix, figure destructrice ne reculant devant rien. Ce thème d’amour, parfois assimilé à l’amitié ou le respect, garde une appartenance très variable. Il dépeint autant l’amour timide entre Frost et Jubilee dans Skating On The Pond, où il se fait doux et langoureux, que la tristesse et le respect à l’enterrement de Charles Xavier, figure paternelle des X-Men, dans The Funeral.
L’approche thématique de Powell se poursuit avec un thème majestueux et triomphant pour Angel (Angel’s Cure), un autre pour Magneto (Magneto Plots, Building Bridges), cohérent avec ses thèmes pour les deux précédents films, et un motif pour l’armée d’humains combattant la Confrérie de Magneto (Cure Wars). Powell ne néglige tout de même pas l’illustration pure et nous offre, comme il en a l’habitude, des morceaux d’action très impressionnants. Les plus sensationnels sont Fight In The Woods, Attack On Alcatraz et The Battle Of The Cure. A côté des thèmes développées pour Magneto, les X-Men ou Phoenix, les percussions tapent à foison, ressemblant à des enclumes, et les cordes prennent la plus grande place, parfois très rythmiques, parfois plus opératiques, d’autres fois plus doucereuses pour mieux remonter en force derrière. Powell nous fait passer du suspense soutenu à l’épique assumé, en passant par une tension cadencée en un claquement de doigt. Le spectateur finit d’exploser de bonheur sur les deux dernières pistes, Phoenix Rises et The Last Stand, qui enchainent avec une emphase exaltante le thème de Phoenix, le thème de romance et celui des X-Men dans un final ébouriffant.
C’est une copie presque parfaite que nous offre Powell, mêlant action démesurée, drame contenu, héroïsme enthousiaste, épique grandiose et un lyrisme assumé. Dans un canevas thématique très poussé, Powell propose une expérience d’écoute fluide, cohérente et enivrante. Une très belle conclusion musicale à la première trilogie X-Men, pour un film qui ne le méritait certainement pas.