Brian Tyler : de l’ombre à la lumière
Interviews • Publié le 29/01/2009 par

Vous venez d’être engagé pour composer la partition de Timeline. Que pouvez-vous nous en dire ?

Je n’ai pas entendu la partition que Jerry Goldsmith avait déjà enregistrée. Je n’ai pas bien compris ce qui n’a pas marché avec lui. Ce qu’ils m’ont dit, c’est qu’ils voulaient quelque chose de plus agressif. Ils voulaient rendre plus palpable le fait que le Moyen-âge a été une période très dure à vivre, que l’on a tendance à trop enjoliver parfois. Plus que quiconque, j’ai été surpris qu’ils me choisissent. Le fait est que la musique temporaire utilisait de nombreux extraits de Children Of Dune. Et le film leur apparaissait très bien avec ces extraits. Ils y trouvaient l’énergie qu’ils recherchaient et qui faisait défaut. J’ai rencontré Richard Donner et me voilà embarqué. Et c’est génial ! Le film fonctionne très bien. J’ai lu le livre que j’ai beaucoup aimé, je suis admiratif de l’œuvre du réalisateur et le film est très bon ! Je suis honoré d’avoir été choisi !

 

Quel genre de musique peut-on attendre ?

 

Ce sera une partition symphonique, une partition orchestrale très entraînante qui repousse les conventions du genre, notamment au niveau de l’instrumentation. Il y aura beaucoup d’énergie, beaucoup de percussions. Il y aura également des éléments de musique ancienne, notamment des instruments d’époque. Et cette approche s’opposera à la musique moderne.


Votre carrière connaît ces dernières années un formidable essor. Comment analysez-vous cette rapide ascension ?

Je n’ai aucune théorie là-dessus. Il est probable que lorsque vous vous mettez à la tâche, que vous vous donnez au maximum, quelqu’un finisse par le remarquer et se dise qu’il faut donner une chance à cette carrière qui débute. Si vous n’avez pas de contacts, il est quasiment impossible d’entrer dans le cercle hollywoodien de la musique de films. J’ai eu la chance de rencontrer des réalisateurs et des producteurs qui m’ont aidé à me faire connaître. Les réalisateurs se disent que si les autres ont fait confiance à un jeune compositeur comme moi, c’est qu’ils avaient de bonnes raisons de la faire. C’est l’effet boule de neige. C’est une vraie contagion ! Le plus dur, ce n’est pas d’écrire une musique qui plaise. Non, le plus dur c’est de faire en sorte que le studio qui produit le film donne son accord pour la musique. Et c’est vrai pour n’importe quel compositeur actuellement. L’un des autres atouts est que les partitions soient éditées. Car ainsi, une partition peut être utilisée comme musique temporaire sur une autre production. De fait, les monteurs s’habituent à ma musique, l’apprécient et citent mon nom. Ce que je vous dis là devient de plus en plus vrai. C’est sûrement comme cela que l’on peut expliquer ce qui m’arrive.

 

Ecrire des musiques de films, c’est très personnel. Vous puisez vraiment quelque chose en vous-même pour les composer. C’est comme mettre votre cœur sur un plateau pour qu’il soit jugé par le public. Et ce jugement peut être très dur. Lorsque je présente ma partition pour la première fois et qu’il y a ne serait-ce qu’une seule personne dans la pièce qui n’aime pas, ça me rend fou et je ne me focalise que sur cette personne (rires). Alors à chaque fois que quelqu’un apprécie mon travail, ça me plaît beaucoup. C’est un peu pour ça que je compose pour des films. J’ai composé de la musique depuis tant d’années, bien avant de me tourner vers le cinéma. Et s’il y a bien une chose qui me chagrine avec la composition de musique contemporaine, c’est que très peu de gens l’écoutent. Ecrire de la musique qui ne sera jamais entendue, ça m’ennuie profondément. Alors que composer pour le cinéma, c’est l’assurance que beaucoup de gens vont entendre votre musique !

 

 


Entretien téléphonique réalisé le 23 avril 2003 par Olivier Soudé.

Transcription & traduction : Olivier Soudé.

Photographies : © briantyler.com

Remerciements à Brian Tyler pour sa grande disponibilité.

Olivier Soude
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