Alex North : une notice biographique
Portraits • Publié le 09/05/2009 par

 

La décennie de la démesure, celle des partitions fleuves pour des spectacles qui ne le sont pas moins, ultimes sursauts d’un âge d’or pourtant déjà révolu. Et au bout, c’est l’Odyssée qui restera, elle, inachevée : est-ce un signe des temps qui s’annoncent ?

 

 


1960


Producteur exécutif sur Spartacus, Kirk Douglas aura accordé pas moins de treize mois à Alex North pour préparer la musique du film commencé par Anthony Mann et finalement réalisé par Stanley Kubrick. Ce délai exceptionnel aura dès lors permis au compositeur de travailler en toute sérénité dès le script, de mener de nombreuses recherches et de concevoir lui-même des «maquettes» arrangées pour deux pianos et deux percussions : le film sort sur les écrans américains le 7 octobre et sa splendide partition vaudra au compositeur une énième convocation à la cérémonie des Academy Awards l’année suivante.

 

 

1961


Après William Wyler pour The Children’s Hour (La Rumeur) et Tony Richardson pour Sanctuary (Sanctuaire), North travaille pour la première fois avec John Huston sur The Misfits (Les Désaxés) après les recommandations d’Arthur Miller.

 

 

1963


Alex North sort particulièrement satisfait de sa collaboration avec Joseph L. Mankiewicz pour Cleopatra (Cléopâtre). Une fois encore, il a bénéficié d’un délai conséquent pour composer (environ un an, il n’aura d’ailleurs guère eu de temps en 1962 que pour le All Fall Down (L’Ange de la Violence) de John Frankenheimer). Si la statuette des Academy Awards lui échappera de nouveau malgré l’excellence de sa partition, il reçoit néanmoins un non moins appréciable Annual Composers And Lyriscists Guild Award. John Huston lui propose par ailleurs de prolonger leur collaboration artistique avec The Night Of The Iguana (La Nuit de l’Iguane) mais le sujet du film déplaît à North qui décline l’offre : les deux hommes ne travailleront à nouveau ensemble qu’à partir de 1979.

 

 

1964


Le compositeur retrouve Martin Ritt pour un troisième film, The Outrage (L’Outrage), une adaptation de Rashomon, puis est choisi pour s’atteler au volet final du cycle de John Ford consacré aux indiens, le splendide Cheyenne Autumn (Les Cheyennes).

 

 

1965


Entre quelques épisodes de Gunsmoke (pour la chaîne CBS) et ceux du documentaire F.D.R. (pour ABC), Alex North se rend à Rome, à l’invitation de Daryl F. Zanuck et Carol Reed, et s’adonne à d’intenses recherches sur les musiques de la Renaissance pour élaborer la partition de The Agony And The Ecstasy (L’Extase et l’Agonie).

 

 

 

1966


Il travaille avec le réalisateur Mike Nichols pour Who’s Afraid Of Virginia Woolf (Qui a Peur de Virginia Woolf ?) mais leurs relations sont d’abord tendues. Devant leurs inconciliables divergences artistiques, le producteur Jack Warner tranchera en faveur d’Alex North. Le compositeur se désiste par contre du film de Robert Wise, The Sand Pebbles (La Canonnière du Yang Tsé), mais désigne pour le remplacer l’un de ses plus proches amis, Jerry Goldsmith (les deux hommes se sont rencontrés à la CBS quelques années auparavant), qu’il a déjà recommandé l’année précédente pour composer le prologue du film de Carol Reed.

 

 

1967


North voyage beaucoup et son mariage en pâtit. Il s’envole cette fois pour l’Allemagne et compose à Munich la musique du documentaire télévisé Africa, produit par ABC : il tirera de cette partition sa deuxième symphonie qu’il intitulera To A New Continent. Il rencontre alors une employée du Graunke Symphony Orchestra (futur Orchestre Symphonique de Munich) appelée Annemarie Hoellger avec laquelle il a très vite une relation.

 

 

1968


C’est l’épisode fameux de 2001 : A Space Odyssey (2001 : l’Odyssée de l’Espace). Alex North enregistre à Londres au tout début du mois de janvier, en présence de Kubrick, une quarantaine de minutes de musique destinée à la première heure du film. Alors qu’il attend fébrilement de pouvoir travailler sur le reste du montage, le réalisateur lui annonce qu’aucune musique supplémentaire ne sera nécessaire et que la fin du film ne sera pourvu que d’effets sonores. North reste néanmoins à sa disposition mais ne reçoit plus aucun appel, et découvre finalement le film lors d’une projection de studio à New York en avril, sans une seule note de sa musique. Sa frustration ne l’empêchera pas de reprendre le travail rapidement, avec The Devil’s Brigade (La Brigade du Diable) d’abord puis The Shoes Of The Fisherman (Les Souliers de Saint Pierre), ce dernier lui rapportant un Golden Globe à défaut de concrétiser une nouvelle nomination aux Oscars.

 

 

 

Florent Groult
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