Entre nouvelles politiques des studios, incertitudes et ennuis de santé, les opportunités pour briller se font de plus en plus rares, mais celles qui subsistent s’avèrent éclatantes. Et les plus grands honneurs tomberont fort heureusement avant les ultimes accords…

1970

Sherle et Alex finissent par divorcer. Annemarie donne naissance à un fils, Dylan Jesse, et la nouvelle famille s’installe alors à Pacific Palisades : ils se marieront deux ans plus tard, en mars 1972. Après Hard Contract (Cet Homme est Prêt à Tout) et A Dream Of Kings en 1969, les propositions se font rares et celles qui restent ne recueillent pas l’approbation du compositeur. Celui-ci songe alors activement à reprendre entièrement sa partition rejetée pour 2001 afin d’en faire sa troisième symphonie, qu’il souhaite dédier à l’équipage d’Apollo 13 dont la mésaventure spatiale vient de tenir l’Amérique en haleine. Le projet ne verra cependant jamais le jour.

1972

Alors qu’il achève la quinzaine d’épisodes de l’éphémère série The Man And The City, le compositeur subit une opération des vertèbres qui le soulage provisoirement d’un mal de dos persistant depuis plusieurs années. Malgré leurs expériences précédentes, Martin Ritt et lui ne parviennent pas à concrétiser leur collaboration sur Sounder : son travail est rejeté. Pocket Money (Les Indésirables) et Rebel Jesus sont les deux autres projets de l’année, aujourd’hui oubliés, tout comme Once Upon A Scoundrel, composé l’année suivante.

1974

Compose la musique de Shanks, produit par son fils Steven. Pour l’occasion il emploie en les réarrangeant quelques segments de sa partition rejetée pour 2001.

1975

Journey Into Fear (Le Voyage de la Peur) est sa dernière collaboration avec le réalisateur Daniel Mann. En tout, celle-ci compte huit rendez-vous, dont les derniers (après un hiatus de près de dix ans) sont les films A Dream Of Kings en 1969 et Willard en 1971 ainsi que Silent Night (un téléfilm spécial Noël pour ABC) en 1970 et la comédie musicale Lost In The Stars en 1973, deux productions pour lesquelles North n’est en fait que directeur musical chargé de l’adaptation de partitions existantes.

1976

Alors même qu’il est traité pour un cancer, North accepte malgré tout de mettre en musique The Passover Plot et surtout les huit volets de la mini-série télévisée Rich Man Poor Man (Le Riche et le Pauvre) : son travail lui vaudra un Emmy Award. Par contre, celui qu’il a signé l’année précédente pour le western Bite The Bullet (La Chevauchée Sauvage) doit encore se contenter de la nomination aux Oscars.

1979

Après la comédie Somebody Killed Her Husband et la mini-série The Word en 1978, North retrouve John Huston avec Wise Blood (Le Malin), et travaillera ainsi pour les ultimes films du réalisateur. Suivront donc Under The Volcano (Au-dessous du Volcan) en 1984, Prizzi’s Honor (L’Honneur des Prizzi) en 1985 et The Dead (Les Gens de Dublin) en 1987.

1980

Carny, réalisé par Robert Kaylor, permet au compositeur de collaborer avec le fondateur du groupe rock The Band, Robbie Robertson.

1981

Alors que sa partition pour le western Cattle Annie And Little Britches (Winchesters et Longs Jupons) est refusée, celle qu’il compose pour Dragonslayer (Le Dragon du Lac de Feu) lui rapportera une nouvelle nomination à l’Oscar. C’est Steven Spielberg, grand admirateur du compositeur (la musique de Spartacus est l’une de ses préférées), qui aurait suggéré le nom de North pour le film.

1985

La catégorie «Meilleure adaptation musicale» ayant été supprimée deux ans auparavant, sa partition pour Prizzi’s Honor se voit cette fois carrément refuser la nomination à l’Oscar sous prétexte de n’être avant tout qu’un réarrangement de musiques existantes. La même mésaventure frappera sa musique pour The Dead deux ans plus tard. Alors que le réalisateur Volker Schlondorff souhaite une nouvelle partition d’un autre compositeur, Arthur Miller parvient à imposer une fois de plus North pour mettre en musique une nouvelle version, télévisée celle-là, de Death Of A Salesman (Mort d’un Commis Voyageur).

1986

Après avoir été, depuis ses débuts à Hollywood, nominé pas moins d’une quinzaine de fois sans jamais recevoir la précieuse statuette, Alex North devient finalement le tout premier compositeur à recevoir un Oscar d’honneur (Academy Award for Lifetime Achievement) pour l’ensemble de sa carrière.

1990

Après Good Morning Vietnam en 1987 puis The Penitent en 1988, il compose ce qui sera sa dernière partition, pour une co-production européenne à laquelle participe son fils Steven, Poslední Motýl (Le Dernier Papillon) : il est à ce moment-là déjà très malade. A sa grande surprise, il voit son nom revenir aux premiers rangs des charts alors que sa fameuse Unchained Melody connaît une seconde jeunesse à travers le film Ghost de Jerry Zucker.

1991

Alex North décède le 8 septembre à Pacific Palisades, d’un cancer du pancréas. Ses funérailles ont lieu en mer.

1995

Dans le cadre de réenregistrements d’œuvres de North, le label Varèse Sarabande permet pour la toute première fois au public de découvrir la partition rejetée de 2001 : A Space Odyssey. Son vieil ami Jerry Goldsmith dirige à cette occasion le Royal Scottish National Orchestra.

2007

Après plusieurs années de négociations, le producteur Nick Redman et le label Intrada Records créent l’événement dans le petit monde de la musique de film en éditant finalement les bandes originales, enregistrées en 1968 et dès lors devenues mythiques, destinées à 2001. Cette sortie met ainsi fin à une fameuse Arlésienne de près d’une quarantaine d’années.

Notice élaborée essentiellement d’après Alex North, Film Composer de Sanya Shoilevska Henderson (McFarland & Company Inc. Publishers, Jefferson, 2003).

Photographies : © www.alexnorthmusic.com