Julien nous fait (en tout cas, à moi) souvent découvrir des choses intéressantes (voir son excellent cycle sur la musique de film égyptienne !). Et effectivement, je ne connaissais pas du tout Naushad Ali.

Remémorez-vous : entre Rodolphe, l'homme qui dégainait des liens YouTube plus vite que son ombre, et Julien, tenace Monsieur Loyal du présent Temple de la renommée, les palabres à fleurets (pas toujours) mouchetés donnèrent jadis une matière convulsive aux deux cent quarante-douze pages du topic échu à Stelvio Cipriani. Il était donc écrit, fatalement, que cet indomptable baroudeur du bis italien, ténor en particulier des méchantes pétarades du poliziottesco, serait invité tôt ou tard à monter lui aussi les marches tapissées d'incarnat de la gloire musicale.

Il est tout beau le Cipriani sur la devanture d'Underscores. Entre les Classics films scores de Charles Gerhardt et le Psychose de Bernard Herrmann. La classe !

Tu l'as dit, ça rend d'autant plus plaisante la navigation sur le site. On trouve toujours un truc intéressant à se mettre sous les yeux !

Petit à petit, le Golden Age hollywoodien s'étoffe au sein de l'ambitieux cycle du camarade Julien. Steiner et Waxman bombaient déjà le torse et rentraient le ventre avec l'espoir qu'aucun oeil acéré ne s'en apercevrait, les voici maintenant rejoints par le non moins prestigieux Tiomkin. A lui seul, l'homme personnifiait toute une idée allègrement chamarrée de la musique telle que l'usine à rêves en pourvut longtemps. On s'y replonge aujourd'hui avec délice.

Julien, encore une fois, merci pour ce coup de projecteur sur un compositeur (Tiomkin, donc) qui, à mon sens, ne jouit pas suffisamment auprès des amateurs de musique de film de l'aura qu'il mérite amplement ! Merci, merci, merci !

Sam Lowry a écrit : un compositeur (Tiomkin, donc) qui, à mon sens, ne jouit pas suffisamment auprès des amateurs de musique de film de l'aura qu'il mérite amplement !

Problème générationnel comme d'habitude ou l'on préfère écouter les nouveautés que de découvrir les vieux trucs de papy à part une poignée de curieux. Je dois être le seul ici à avoir vu La Rivière rouge, entre autres, au cinéma pourtant bien plus vieux que moi. Car les rééploitations au cinéma étaient nombreuses dans les années 60/70. Ah les cuivres façon Tiomkin ça me manque.

Je dois être le seul ici à avoir vu La Rivière rouge, entre autres, au cinéma pourtant bien plus vieux que moi.

Nan, mon grand, on est au moins deux dinosaures dans ce cas-là !

Link a écrit :

Je dois être le seul ici à avoir vu La Rivière rouge, entre autres, au cinéma pourtant bien plus vieux que moi.

Nan, mon grand, on est au moins deux dinosaures dans ce cas-là !

Vous pouvez en rajouter un troisième, mes derniers achats : Franz Waxman : the bride of Frankenstein, Rozsa : Invanhoé, deux Jarre : Paris brûle t il ? et Lawrence d'Arabie. Et j'aime bien Dimitri Tiomkin.

John Addison !

https://www.youtube.com/watch?v=gm7_pcnFCtM

Link a écrit :
Nan, mon grand, on est au moins deux dinosaures dans ce cas-là !

Patrick59 a écrit :Vous pouvez en rajouter un troisième

D'accord Le film datant de 1948 et personne du forum n'était né , du moins je ne crois pas. Mais dans les années 60/70 il n’était pas rare qu'un cinéma propose de vieux films. Et moi j'ai découvert de nombreux films au ciné, la liste étant trop longue pour tous les citer. C'est quand même mieux de voir un film dans une salle qu'a la TV. Mais tout ça je l'avais déjà dit

Franchement, quand je vois la fabuleuse caverne aux merveilles musicales que représentent les pays de l'Est, et qu'il me prend à songer malencontreusement que nul "Sésame ouvre-toi" ni aucun autre apophtegme salvateur ne nous en accordera jamais l'accès, croyez-moi gentlemen, j'ai les chicots du fond qui baignent ! Faute d'un labeur éditorial à la hauteur de ces myriades de pépites, c'est un pan crucial de l'Histoire de la musique de film qui se décompose inexorablement... Pas moins fumasse que le vieux Van Cleef, notre intrépide globe-trotter Julien, fort de toute la bravoure du monde, fait front à l'injustice. Il en résulte aujourd'hui cet hommage précieux, oserais-je dire essentiel, au magicien Zdenek Liska, grand maître tutélaire de la scène tchèque.

Rien à faire, rien à espérer ! Pour toujours et à jamais, Cosma est condamné à présenter exclusivement aux yeux du monde son imputrescible profil d'amuseur public numéro 1, gesticulations rigolotes et tartes à la crème incluses. Y'a pire comme étiquette sur le front, mais celle-là, malgré une part non négligeable de vérité, résume à une seule éclaboussure pastel la diversité des talents musicaux du monsieur. Même en sachant l'opération perdue d'avance, le camarade Julien n'a pas hésité à se retrousser les manches afin de montrer au lecteur pas convaincu de quel bois Vladimir se chauffe. Geste dérisoire mais sublime, qui vaut bien qu'on l'honore d'un tonnerre d'applaudissements.

Un compositeur aussi fabuleusement timbré que Michel Magne ne pourra jamais faire ménage comblé avec l'eau du robinet et des papiers analytiques bien au chaud dans leurs charentaises. Mû par une conscience aigüe du défi qui se dressait sur sa route, notre ami Julien a enfilé son plus seyant bleu de chauffe pour donner au compositeur l'article hirsute et bourré jusqu'aux sourcils que sa géniale verve musicale réclamait d'un ton comminatoire.

Après Magne un étage au-dessus, le camarade Julien a décidé de convier sur la scène tendue de velours bleu électrique de son cabaret merveilleusement select un autre caméléon génial, en la personne de Lalo Schifrin. Et c'est dans l'impressionnant déploiement de toutes sa facettes musicales, à peu près innombrables, que le cultissime compositeur argentin s'en vient effectuer quelques pas sous les feux de la rampe qui lui sont tant familiers. Du flingue tonitruant de Dirty Harry au nunchaku sifflant du Petit Dragon, du blanc monochrome dévorant un futur claquemuré sous terre à la mèche bientôt consumée d'un bâton de dynamite, le voyage qui nous attend ne s'annonce guère de tout repos !

"Pfff, l'arnaque, eh ! V'la qu'UnderScores essaye de nous refourguer deux fois son papier sur le père Vladimir... Allez zou, le goudron et les plumes !" Lecteur implacable mais légèrement tête en l'air, sache que tu fais fausse route : jusqu'à preuve du contraire, l'excellent Joseph Kosma, quasi-homonyme et parfait homophone de son confrère suscité, n'avait pas encore obtenu le privilège désormais convoité avec avidité de fouler la piste aux étoiles d'UnderScores. Cet indéniable tort est aujourd'hui réparé par un Julien une fois de plus diablement en verve.

Comme je l'ai déjà dit, c'est là qu'on peut regretter un label français tel que Chandos et un chef tel que Rumon Gamba. Mais la France n'a pas cette culture de la musique de film comme peuvent l'avoir les Anglo-Saxons.

Ouais, même quand Radio France organise un bon concert "patrimonial" sur le sujet (comme les superbes concerts d'il y a 2-3 ans, avec Tavernier), pas d'enregistrement (quoi que ? Diffusé en radio ou sur le site ?) ni d'édition mise en vente. Combien d'occasions manquées ?

D'abord, merci Julien pour ce bel article, très instructif, qui met sous les projecteurs un compositeur globalement pas très connu des plus jeunes (c'est normal). Dommage que sa discographie en musique de film soit si maigre !!!
C'était un excellent compositeur et un mélodiste inouï.
Maintenant, en France, malheureusement, même si ça évolue doucement, la musique de film "orchestrale" est encore assez méprisée. Du coup, pour avoir des gens qui investissent dans des réenregistrements comme le fait l'admirable label Chandos, bah on peut attendre encore longtemps...

"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?" "Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, l'herbe qui verdoie... et un monstre sacré qui chatoie !" L'oeil de lynx logé dans l'orbite de la délicieuse Anne ne l'a point trahie : voici venir tous tambours roulants et trompettes sonnantes l'extraordinaire pionnier du Golden Age hollywoodien, nul autre qu'Erich Wolfgang Korngold. L'homme qui laissa sur le (gros !) son de la Mecque du cinéma une marque aussi puissante que son curriculum vitae pour l'écran est mince. Mon cher Julien, à vous la parole !

Je règle mon pas sur le pas de mon (pé)père. Lee, tu as parfaitement raison. J'ai terminé de lire l'article hier soir. Julien rend un hommage immensément mérité au compositeur le plus influent de son temps sur la musique hollywoodienne. Quand je pense que certains fans de musique de film (et je ne parle pas des bien-pensants de la musique classique, élite prétentieuse dotée d'une oreille bien peu aiguisée) traite ce compositeur et ses oeuvres avec un dédain désolant, sans compter qu'il s'en trouve pour dire que sa musique est "poussiéreuse"..........
Bref, merci Julien.

Par le plus curieux des hasards, ce week end j'ai écouté "Kings Row" sous la direction de Charles Gerhardt et "Anthony Adverse" sous la baguette de John Scott. Mais quelle merveille ces deux Varese . Moins connus que "Sea Hawk" ou "Robin Hood", mais tout aussi exaltants.

Bien d'accord avec toi Morty, surtout pour ANTHONY ADVERSE ! Superbe !

Sam Lowry a écrit :(et je ne parle pas des bien-pensants de la musique classique, élite prétentieuse dotée d'une oreille bien peu aiguisée) traite ce compositeur et ses oeuvres avec un dédain désolant

Pour le coup, concernant Korngold, tu as la dent dure : ce n'est plus vrai depuis bien 15 ou 20 ans. Ses opéras sont donnés assez régulièrement (plus que bien des compositeurs contemporains, en tous cas), et sa musique - y compris pour le cinéma - est enregistrée par les labels classiques. A vrai dire, Korngold est presque l'exception qui confirme la règle, sans doute du fait de son glorieux passé autrichien, de son romantisme sophistiqué, et parce que contrairement à un Steiner il ne s'est pas "cantonné" à la BO et a écrit des musiques pour la scène (entre autres) considérées comme remarquables.

Julien, je me plonge dans ton article très bientôt.

Mortimer a écrit :et "Anthony Adverse" sous la baguette de John Scott. Mais quelle merveille ces deux Varese

Scott lui-même conserve pourtant un souvenir plein d'embarras dudit enregistrement, au sujet duquel il se confondit à plus d'une reprise en lamentations contrites. Les nécessaires répétitions réduites à peau de chagrin et les pupitres dispersés façon puzzle du Berlin Radio Symphony Orchestra chagrinèrent violemment le compositeur, éminent perfectionniste et haut couturier de la dentelle symphonique, comme chacun sait. Pour ma part, je lui donne raison en accordant une nette préférence au disque Tsunami, envers et contre les sulfureux remugles stagnant lourdement autour du label margoulin.