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Partition habitée par une peur viscérale qui se mue volontiers en urgence fébrile : cordes malaisantes et blafardes, chœur spectral, timbales martelées, Williams baisse la luminosité au maximum, ne laissant filtrer parfois qu’une douceur inquiète jusqu’à un final à la clarté douce-amère. L’une des très grandes réussites de sa carrière.
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Williams n’a peut-être jamais été aussi proche de l’horreur, avant que les dernières pistes ne l’éclairent délicatement. D’ici là, les virevoltes virtuoses des morceaux d’action ont laissé place à des martèlements implacables, les thèmes entrelacés s’effacent au profit de notes avançant presque à tâtons. L’œuvre au noir du tandem Williams/Spielberg.
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Avis à l’emporte-pièce : l’album original est idéal par son condensé d’angoisse et d’action. Cela reste vrai. Sauf que… cette réédition, par sa chronologie exhaustive, fait éclater au grand jour une narration implacable et finit par (re)placer le score au panthéon du Williams du XXIème siècle.
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Pour Williams, les années 2000 sont une belle période, avec The Patriot, A.I., Indiana Jones 4, Star Wars, Harry Potter et bien sûr ce War Of The Worlds. Il y développe une notion d’urgence souvent oppressante, côtoyant la grandiloquence et l’émotion. L’utilité du CD 2 est relative, mais comme c’est un grand score, je pardonne Intrada.
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J’ai toujours eu du mal avec le CD d’origine. Ce double album corrige-t-il le tir ? Oui et non. Oui parce qu’on y trouve de nouveaux morceaux étonnants et d’autres rallongés, fidèles à ce qu’on entend dans le film. Non parce que l’ensemble reste anxiogène et athématique. Dans cette guerre des mondes, je n’arrive pas à choisir mon camp.
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Pas facile d’écoute ce score terriblement anxiogène, mais c’est le but, et il est parfaitement atteint. Et même le piano, qui pourrait apporter un peu de douceur, se fait dissonant. Pour le reste, c’est impeccable pour accompagner cette fin du monde version Spielberg. L’épilogue semble nous dire : « Vous n’êtes pas sorti des ronces, les gars ». On sait.
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