L’Âge d’Or de la comédie musicale égyptienne

#8 : Les chanteurs de charme

Dossiers • Publié le 20/08/2018 par

MOHAMED FAWZI : le Casanova du Nil (1918-1966)


Profondément inspiré par la musique d’Oum Kalthoum et de Mohamed Abdelwahab, Mohamed Fawzi a excellé en tant que chanteur, acteur, compositeur et producteur de films. Il est connu en particulier pour le rythme léger et rapide de sa musique et a participé à la composition de nombreuses chansons pour le cinéma. Sa musique est souvent teintée de gaieté et de fraîcheur. Même lorsqu’elle évoque la douleur, les lamentations de l’amour et de la séparation, elle ressuscite toujours l’espoir. Fawzi a également écrit des mélodies pour enfants, quelques opérettes, la musique de l’hymne national d’Algérie et des chansons franco-arabes comme le fameux Ya Moustafa (Chérie je t’aime, chérie je t’adore), chanté par Bob Azzam.

 

Très à l’aise dans le registre du crooner de charme, on le retrouve régulièrement au côté des plus grandes vedettes féminines du cinéma égyptien, où il reprend la formule qui a fait le succès des films de Mohammed Abdelwahab et de Farid al Atrache : le dandy célibataire entouré de magnifiques filles à ses pieds. Des titres comme Men Heya dans Qu’il est doux d’Aimer (Ya Halawet el Hob – 1952), avec la danseuse Naïma Akef, ou encore Taabi Lhawa dans Les Filles d’Eve (Banat Hawa – 1954), où figurent de superbes donzelles comme Chadia, Madiha Yousri, Hind Rostom et Zeinat Olwi, ne manquent pas de charme.

 

Le couple Madiha Yousri et Mohamed Fawzi dans D’où vient tout cela ? (1952)

 

Il tourne régulièrement avec Madiha Yousri, qui sera son épouse pendant quelques années. C’est avec elle qu’il interprète le séduisant duo musical final de Fatma, Marika et Rachel (Fatma wa Marika, wa Rachel – 1949). Une adaptation très libre du Mariage de Figaro, dans lequel Fawzi jongle en toute candeur avec trois femmes de religions différentes : la chrétienne, la musulmane et la juive. À ce titre, le numéro musical Fin Habibi, où Fawzi déclare sa flamme tour à tour à chacune des trois prétendantes, donne un bel aperçu du caractère volage de l’artiste. En 1952, il retrouve Madiha dans D’où vient tout cela ? (Min ayna laka Ada – 1952) de Niazi Mostafa, où figure une très belle séquence de mariage onirique entre la belle et le séducteur.

 

C’est surtout dans le duo musical que Fawzi s’est construit une grande partie de sa réputation. On peut retenir tout spécialement ses performances vocales aux côtés de la chanteuse Leila Fawzi dans Leila, Fille de la Plage (Layla, Bint al Shati – 1959) et Leila Mourad dans Les Roses de l’Amour (Ward el Gharam – 1952), avec la chanson hispanisante Yali Shaghalti el Albi Teli pour guitare et accordéon. Il forme aussi un duo romantique avec Sabah dans L’Amour en Danger (El hub fi Khatar – 1951), où il interprète la mélodie El Ghira Lih. Et puis avec la belle Camélia dans Elle Possède Quelques Piastres (Sahibat al Malaleem – 1949), un mélodrame où l’on retient en particulier la douce chanson romantique Kalemini Aleki, chantée lors d’une balade en barque au crépuscule.

 

Mohamed Fawzi et la belle Madiha Yousri dans Fatma, Marika et Rachel (1949)

 

On retrouve également Mohamed Fawzi avec la libanaise Nour el Houda dans Gloires et Larmes (Magd wa Doumou – 1946), qui contient de splendides chansons composées par la fine fleur de la musique arabe : Mohamed el Kasabji, Riad al Sombati et Farid al Atrache. Mais l’un des duos les plus mémorables de Fawzi reste peut-être celui qu’il interprète avec la sublime Faten Hamama dans le mélodrame sentimental d’Henri Barakat, Avec Toi pour Toujours (Dayman Maak – 1954), où figure l’émouvante chanson Wala Zaman.

 

Mohamed Fawzi a aussi réalisé quelques duos mémorables avec la légendaire danseuse Tahia Carioca dans le film musical Fils à Louer (Ibn il Igar – 1953), ainsi que dans Amour et Folie (Houb wa Gounoun – 1948), un film musical qui contient un extrait étonnant d’une opérette de Fawzi, Le Royaume des Démons. Jamais à court de conquêtes féminines, il ne s’est pas privé non plus du charme rayonnant de la fabuleuse Samia Gamal avec qui il interprète la chanson Ya Habibi Koud Ainiya dans le film musical Chaque Battement de mon Cœur (Kul daqa fi Qalb – 1959).

 

Mohamed Fawzi décède des suites d’une maladie mystérieuse à l’âge seulement de 48 ans, une maladie très rare qui n’affecta que quelques personnes et qu’on appelle au Moyen-Orient « la maladie de Fawzi ».

 

 

Julien Mazaudier
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