L’Âge d’Or de la comédie musicale égyptienne

#8 : Les chanteurs de charme

Dossiers • Publié le 20/08/2018 par

MOHAMED ROUCHDI (1928-2005)


Mohamed Rouchdi est un artiste connu dans tout le monde arabe, en particulier grâce à son titre Adawiya, qui a connu un succès inattendu en Égypte. Il est notamment spécialisé dans le répertoire folklorique égyptien. Au cours des années soixante, il fait quelques petites apparitions à l’écran comme chanteur populaire, le plus souvent entouré par des choristes et de mignonnes danseuses sur des titres dynamiques et pleins d’entrain. On peut le voir par exemple chanter en costume d’égyptien traditionnel avec l’actrice Samira Tawfik dans Abou Adid (1958), et sur une fête de mariage dans Le Mari Célibataire (Al Zawj al Azeb – 1966) aux côtés de l’adorable Zeinat Olwi.

 

En 1966, il obtient un rôle plus conséquent dans La Rue des Amoureux (Harat al Saqqayin) d’Al Sayed Ziada, même s’il se fait ravir la vedette par la belle chanteuse égyptienne Sherifa Fadel. Deux ans après, il tourne dans Le Cirque (Al Cirk) d’Atef Salem, un film ambitieux, mis en musique par Baligh Hamdi et Mohamed al Mougui et qui rappelle un peu le célèbre Trapèze, avec Tony Curtis. Rouchdi y interprète deux chansons toniques, dont l’une à dos de dromadaire sur la piste d’un chapiteau.

 

En 1968, c’est la consécration à l’écran. Il obtient un rôle de premier plan dans la comédie musicale Adhawiya, la Belle du Village de Kamal Salah Eddine, au côté de l’actrice Nahed Sherif et de la danseuse Nagwa Fouad. Construit sur la trame mélodramatique qui a fait le succès des films d’Abdel Halim Hafez, Rouchdi joue un jeune chanteur désœuvré, sans le sou, qui tente de percer dans le métier. À la fin, tout finira bien puisqu’il décrochera le succès et l’élue de son cœur… Le film reste indéniablement le plus gros succès du chanteur et contient quelques tubes imparables comme Ya Aziz Eni, Yalli Hawa Ramak ainsi que le décoiffant Ya Bahrwya.

 

Mohamed Rouchdi avec la danseuse Zeinat Olwi dans Le Mari Célibataire (1966)

 

On trouve également dans Adawiya de belles séquences dansées, dont une en particulier qui vaut son pesant de livres égyptiennes : la danse de séduction de Nahed Sherif qui se déhanche devant le chanteur, au son d’une mélodie fringante jouée à l’accordéon. Ce morceau d’essence folklorique est d’ailleurs assez régulièrement entendu dans les comédies musicales de cette époque.

 

Deux ans après, Rouchdi retrouve la belle Nahed sur la romance Un Mot et un Mandrin de Kamal Salah Eddine, avant d’enchaîner sur La Troupe Joyeuse (Ferket al Marah – 1970), l’un des derniers films du vétéran Fatin Abdelwahab. Ce film est principalement connu pour son tube au rythme trépidant Tayer Ya Hawa, composé par Baligh Hamdi. On y entend aussi le délassant Sur la Ramla, que Rouchdi interprète le long d’une plage, en compagnie de superbes filles qui se trémoussent autour de lui en bikini.

 

Peu enclin à faire une carrière d’acteur, Rouchdi abandonne très vite le cinéma et ne fera que quelques petites apparitions occasionnelles, notamment dans le film Miroirs (1977) de Fathi Abd el Sattar, où il interprète une chanson du compositeur Helmi Bakr. En 1988, il prête également sa voix sur la chanson-générique de la série religieuse Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah, et en 2000 sur le feuilleton médiéval Ibn Majah. Il décède à l’âge de 76 ans des suites d’une longue maladie.

 

 

Julien Mazaudier
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