Need For Speed (Nathan Furst)

Tout dans les Muscles #20 : Permis à Poings

Disques • Publié le 07/04/2023 par

NEED FOR SPEED (2014)
NEED FOR SPEED
Compositeur :
Nathan Furst
Durée : 70:25 | 20 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

3.5 out of 5 stars

 

Le garage automobile Marshall n’a plus un sou. Alors, quand un homme louche (le méchant) nommé Dino vient proposer la retape d’une voiture pour une grosse somme d’argent, le jeune Marshall (le gentil) voit alors l’occasion de refaire briller l’étoile de l’établissement de son papa (lui aussi, gentil, mais mort). Pas de chance, le méchant est aussi un pilote de course fourbe qui ne respecte pas le 30 à l’heure en agglomération. Il met alors au défi le jeune Tobey qui est un peu teubé, parce que ses amis n’arrêtent pas de le mettre en garde. Mais il est un peu impulsif, le Tobey, et il n’écoute pas. Le voilà donc au volant d’un bolide sur la ligne de départ d’une course improvisée, en duel contre Dino. Ah bah non, pas en duel. Parce que ces amis qui l’avaient mis en garde, eux aussi, sont teubés de la dernière pluie, et ont chacun un bolide à conduire. Et là, ce qui devait arriver arriva. Le drame. Le meilleur ami de Tobey meurt à cause d’une (vraie ?) fausse manœuvre de Dino, sa voiture allant s’éjecter d’un pont pour finir en contrebas. La voiture brûle. Son ami aussi. Evidemment, Tobey essaie de l’en sortir. Peine perdue. Tobey ira en prison, parce que Dino a un avocat machiavélique (et méchant aussi) qui lui sauve la mise et fait condamner ce pauvre Tobey. Deux ans après (les USA connaissent aussi la surpopulation carcérale, il faut donc faire de la place), Tobey en sort. Toujours aussi gentil. Il vaut mieux le préciser car l’acteur qui campe le rôle de Tobey n’est autre qu’Aaron Paul qui, quoiqu’il fasse ou dise, a toujours un regard de psychopathe. Mais passons vite.

 

Par le biais d’un scénario tordu (mensonge), Tobey se voit offrir la possibilité de participer à la De Leon, une course de voiture que tous les casse-cous du monde veulent remporter (vérité). Seulement voilà, le lieu de cette course change chaque année et est tenu secret par l’organisateur (un Michael Keaton en totale roue libre). Mais allez, parce qu’il n’est pas chien, ce dernier donne un indice à Tobey sur le lieu approximatif où se déroulera cette course. Ni une, ni deux (ni trois), Tobey comprend (il a du faire des puzzles en prison) qu’il va d’abord devoir traverser la quasi-totalité des USA avant de pouvoir concourir. Et comme dans concourir, il y a… (je ne vous fais pas un dessin), Tobey va aller chercher un de ses amis (qui sortira de son lieu de travail, en ôtant tous ces vêtements, histoire qu’on comprenne (bien) que son métier, il s’en fiche comme de sa première… chemise, et qu’il est un rebelle). Cela ne manquera pas de déclencher une poursuite avec la police, histoire de pimenter (inutilement) l’histoire. Voilà. La caricature est à peine forcée. Ce Need For Speed est une sorte de sous Fast And Furious. Difficilement concevable ? Et pourtant. Les points communs se recoupent : héros ténébreux et mutiques, filles en faire-valoir, voitures rutilantes, courses censées provoquer des montées d’adrénaline et scenario écrit sur un ticket de parking. Il est vrai qu’adapter une saga vidéoludique qui, pour ainsi dire, ne fait pas grand cas du script à chaque nouvel opus, relevait de la gageure.

 

Pour la musique, hélas, comme pour celles de Brian Tyler (le talent prometteur devenu le beau-gosse wesh-wesh d’Hollywood), on fonce à tout berzingue dans les lieux communs. A ceci près que Nathan Furst, le compositeur, a l’audace d’écrire un thème, certes aux accents électro-rock, mais qui chatouille agréablement l’oreille. Surtout quand il a la bonne idée de s’inspirer de compositeurs d’une autre cylindrée en utilisant un orchestre symphonique qui prend souvent le dessus sur les loops de circonstances. Tenez, les agitatos de cordes dans Koenigsegg Race ou le remuant Motor City Mayhem, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Mais si, bien sûr : Alan Silvestri (et particulièrement dans les morceaux où il faut faire monter la tension, comme dans Contact). Et ces quatre notes de trompettes dans In The Lead ? Pour sûr, c’est le « thème de la mort (ou menace) » cher au maitre James Horner !

 

Nathan Furst a donc l’élégance de vouloir montrer qu’il connait ses classiques en faisant des citations habiles, à défaut d’être toujours discrètes. A moins que cela soit un pêché d’orgueil ? Car, à vrai dire, les lieux communs sont arpentés plus vite qu’une Lamborghini sur une autoroute allemande. On a donc droit à la sempiternelle voix féminine « qui se lamente » dans Pete’s Death, histoire de montrer que « vraiment, c’est horrible ce qui arrive ! » Toutefois, Furst le fait parfois avec une certaine finesse, comme dans Broken. Mais soyons honnête. Le (petit) intérêt de cette musique réside surtout dans les pièces d’actions qui illustrent les rocambolesques tribulations de nos pilotes décérébrés qui, à défaut d’être frappés du sceau de l’originalité, font souvent tourner le moteur à plein régime. En plus des pistes déjà citées, on configurera volontiers son GPS sur Hot Fuel (scène absolument débile de ravitaillement d’essence sur autoroute afin d’éviter que le pilote ne perde du temps à s’arrêter pour faire le plein… oui, on en est là), qui est, somme toute, un morceau assez plaisant à écouter. Il y a, notamment en fin de parcours, de nombreux moments qui éveillent l’intérêt avec un triptyque final qui roule (plutôt bien) des mécaniques en la présence de De Leon Begins, Lethal Force et In The Lead. Par instants, c’est même mieux écrit que ce que peut faire un Brian Tyler dans cette catégorie de films pour « gros muscles, grosses voitures et petits pois dans la tête. » Il est donc dommage, voire étonnant, que depuis 2014, l’on n’ait guère vu davantage Nathan Furst démontrer qu’il était sans doute capable de passer la vitesse supérieure.

 

Christophe Maniez
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