Snow White And The Huntsman (James Newton Howard)

Breath of Life

Disques • Publié le 24/09/2012 par

Snow White & The HuntsmanSNOW WHITE AND THE HUNTSMAN (2012)
BLANCHE-NEIGE ET LE CHASSEUR
Compositeur :
James Newton Howard
Durée : 62:59 | 18 pistes
Éditeur : Republic Records

 

3 out of 5 stars

Green HornetGreen Lantern… James Newton Howard aime le green, surtout celui des billets verts de l’oncle Sam ! Avec six films en 2010, cinq en 2011 et quatre scores cette année, la piscine à pièces reste bien remplie et le compositeur demeure un des plus prolifiques du marché. Mais ce green que James aime tant, c’est aussi celui des volées de bois vert qu’il reçoit de ses admirateurs depuis qu’il se compromet régulièrement dans des scores purement fonctionnels pour les blockbusters les plus bancals sortis des usines sans âme d’Hollywood. Changement chromatique, ce printemps, pour le blanc de Snow White And The Huntsman (Blanche Neige et le Chasseur), couleur de circonstance pour que le musicien se refasse une virginité et laisse aux placards les recettes faciles et les ingrédients douteux dont il relève depuis quelques années ses compositions.

 

Tout comme le film, pour l’amateur de conte pelliculé repeint aux couleurs sombres de la fantasy telle que The Lord Of The Rings (Le Seigneur des Anneaux) l’a imposée, la musique de Snow White And The Huntsman contient la promesse d’un dépaysement féerique et de quelques frissons enchanteurs. Promesse tenue dès les premières notes : les pages du recueil de contes commencent à tourner, et la musique y dessine sans effort les tours crénelées, les margelles moussues et les jardins enneigés qu’on a envie de parcourir en imagination. Si la partition composée par Newton Howard réussit une chose, c’est la matérialisation instantanée des images que l’univers du film évoque. Il y a ici, entre les notes, l’éclosion d’une fleur à la beauté cruelle au cœur de l’hiver, l’intensité des sentiments antagonistes de Blanche-Neige et de la sorcière et, dans les moments les plus élégiaques, l’espoir du triomphe de la vie sur la mort incarné par la résurrection de la princesse. Ce sont d’ailleurs dans ces passages, dont l’émotion n’est pas moindre que celle provoquée par le final du King Kong composé en 2005, que le compositeur tutoie de nouveau des cimes couronnées de grâce… et de beaucoup de violons.

 

La promesse d’un dépaysement féerique et de quelques frissons enchanteurs

 

Après avoir laissé s’installer une ambiance étrange, Journey To Fenland, peut-être le plus beau morceau du disque, se dépouille petit-à-petit de ses sons électroniques et de son épaisseur orchestrale pour laisser les seules cordes conclure en un beau mouvement lent et dépouillé, et c’est un vrai bonheur d’entendre Newton Howard faire confiance, de nouveau, à la mélodie pour véhiculer l’émotion. Naturel, dès lors, que les solistes favoris du compositeur, le piano et le violon, dominent régulièrement la partition. Avouons que ce qu’on leur donne à jouer est la plupart du temps assez convenu, avec ce petit air de déjà entendu propre aux musiques dans l’air du temps et aux compositeurs n’ayant pas peur des effets de signature. Mais le lyrique Sanctuary, le troublé puis élégiaque Death Favors No Man et le triomphant final, Coronation, transportent pour peu que l’on soit sensible au style du compositeur et réceptif à une musique simplement sentimentale.

 

Il est cependant préférable de passer rapidement les quelques plages accompagnant les grands moments belliqueux du film, évasions improbables et autres charges de cavalerie : Escape From The Tower, White Horse, White Heart et Warriors On The Beach. La musique, à ce moment-là, se limite à ces rafales de percussions arrosées de grosses sonneries de cuivres alignées dans tous les blockbusters contemporains. Plus grand chose de médiéval et rien de fantastique dans ces passages qui pourraient tout aussi bien servir la soupe à un combat de robots géants ou aux improbables pirouettes d’un agent secret amnésique. Une fois n’est pas coutume, on dira aussi un mot de la chanson, Breath Of Life : elle est superbe. La belle idée d’en confier l’interprétation à une chanteuse revient à donner une voix à Blanche-Neige, et celle de Florence Welch l’incarne à la perfection, accompagnée d’un instrumental auquel participe l’orchestre et des chœurs exaltés. Loin de sembler déplacée, cette déclinaison rock du score fait briller mieux que les tambours de Newton Howard les feux de la rage animant la princesse dans le film. Malgré un album un peu long dont les passages d’action ternissent l’écoute, on succombe donc dès les premières notes aux charmes de Blanche-Neige. Nous voilà rassurés : dans son cercueil de vert, le cœur de James Newton Howard bat encore.

 

Snow White And The Huntsman

Pierre Braillon
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