THE CHRONICLES OF NARNIA: PRINCE CASPIAN (2008)
LE MONDE DE NARNIA : PRINCE CASPIAN
Compositeur : Harry Gregson-Williams
Durée : 75:09 | 16 pistes
Éditeur : Walt Disney Records
Suite à la réussite du premier opus, Harry Gregson-Williams, compositeur attitré d’Andrew Adamson, a d’emblée été réengagé pour le second. Il était temps car la carrière du musicien était en train de flancher dangereusement depuis trois ans ! Entre les faux événements tels Shrek The Third (Shrek le Troisième), loin de la qualité du premier, les scores atmosphériques et fonctionnels ou encore l’accumulation d’inédits (Domino, Seraphim Falls, Flushed Away [Souris City]), on pouvait redouter que Gregson-Williams n’ait atteint les sommets que le temps d’une ou deux partitions… The Chronicles Of Narnia : Prince Caspian lui donne alors l’occasion d’en revenir au merveilleux véritable et le force heureusement à revoir ses ambitions à la hausse.
Fort d’un univers mythique déjà installé avec conviction dans l’épisode précédent, le compositeur peut désormais évoluer à partir de bases solides. Le second film étant plus épique que le premier, Gregson-Williams est nécessairement chargé de conférer une ampleur supplémentaire à son nouveau score. Le morceau inaugural, Prince Caspian Flees, est sans doute le meilleur de l’album et l’un des plus magistraux du musicien : à la tête d’un orchestre massif et d’une chorale majestueuse, celui-ci s’élance immédiatement aux côtés du héros dans une cavalcade effrénée marquée par une rythmique nerveuse et palpitante et par des emballements de cordes exaltants. L’abondance de percussions ainsi que leur emploi très spécifique garantissent un résultat plus héroïque que jamais tandis qu’intervient le thème cuivré et éloquent du prince Caspian, porté par des chœurs tout droit sortis de Kingdom Of Heaven. La musique s’élève régulièrement vers les sommets jusqu’à atteindre un état de grâce fulgurant et donner l’impression que le héros n’est plus en train de galoper mais littéralement de planer ! L’effet produit est étourdissant.
Depuis Raid On The Castle jusqu’à Battle At Aslan’s How, le compositeur maintient très haut la barre et ne relâche la bride à aucun moment, confirmant notamment sa capacité à concevoir de larges séquences de six à sept minutes qui tiennent l’auditeur en haleine d’un bout à l’autre. Pensez donc : tout au long des six morceaux, on a droit à de l’action et de la tension presque non-stop pendant plus d’une demi-heure ! Les formules utilisées sont globalement les mêmes que dans Prince Caspian Flees, mais les diverses variations n’entraînent jamais l’ennui. On peut par exemple saluer l’efficacité de The Duel, qui, à l’instar de The Postman de James Newton Howard, veut que la réduction d’une bataille à un affrontement entre deux hommes donne lieu à une musique très dépouillée, exclusivement fondée sur les percussions. Il faut mentionner également la splendeur gothique de Miraz Crowned, qui fait intervenir des cordes, des bois et des cuivres dramatiques ainsi que des percussions et des chœurs grandiloquents dans une ambiance d’apocalypse directement héritée de Bless The Child (L’Élue) de Christopher Young, chef-d’œuvre incontournable. Quant à Sorcery And Sudden Vengeance, il fait réapparaître de façon inattendue et percutante les sonorités barbares du sacrifice d’Aslan dans le film précédent et réintroduit brièvement le thème de la Sorcière Blanche, tout cela drapé dans des couleurs très sombres.
Certes, on pourra déplorer tout au long du score une influence trop prégnante du temp-track, obligeant le compositeur à plagier lui-même la réussite de Kingdom Of Heaven (le thème des croisés en particulier), et l’on regrettera également l’absence de nouveaux motifs vraiment marquants en dehors de celui du prince Caspian. Certes, on pourra critiquer l’intérêt moindre de toutes les plages plus contemplatives et mélancoliques ainsi que la reprise excessive des thèmes du premier film : celui de la découverte de Narnia, celui du finale, et surtout celui, noble et emphatique, associé à Aslan, qui finit par recouvrir la quasi-totalité de l’album. Tout cela ne parvient cependant pas à entacher véritablement la beauté de l’ensemble, largement au-dessus de la moyenne – surtout quand on sait que les musiques de fantasy se font vraiment trop rares – et garantissant, à l’instar du film, un plaisir certain. La partition de Prince Caspian ne fait que se bonifier avec le temps et vient rejoindre quelques fleurons du genre tels Stardust, The Golden Compass (La Boussole d’Or) et The Chronicles Of Spiderwick (Les Chroniques de Spiderwick). C’est avec une certaine nostalgie qu’on se dit que le prochain Narnia ne sera pas signé Harry Gregson-Williams… Gageons néanmoins que David Arnold saura reprendre glorieusement le flambeau !