RACE TO WITCH MOUNTAIN (2009)
LA MONTAGNE ENSORCELÉE
Compositeur : Trevor Rabin
Durée : 54:52 | 19 pistes
Éditeur : Walt Disney Records
Très proche des studios Disney – une fois encore grâce à son ami Jerry Bruckheimer – Trevor Rabin avait déjà signé les musiques fort satisfaisantes de Remember The Titans (Le Plus Beau des Combats), de Glory Road (Les Chemins du Triomphe) et des aventures de Benjamin Gates : c’est donc sans surprise qu’il se retrouve embarqué dans le projet de Race To Witch Mountain (La Montagne Ensorcelée). Lui qui s’est déjà illustré à plusieurs reprises sur des films de bolides (Gone In 60 Seconds [60 Secondes Chrono] et Torque [Torque, La Route s’enflamme]), une enfilade de courses-poursuites en taxi, en hélicoptère et en soucoupe volante ne pouvait pas lui faire peur !
Le générique d’ouverture (Unidentified Main Titles) donne tout de suite le ton avec son mélange de guitare électrique, de cordes véhémentes et de cuivres criards, le tout nappé d’une abondance de boucles synthétiques technoïdes : on reconnaît immédiatement le style à la fois pompier et accrocheur du compositeur de Kangaroo Jack (Kangourou Jack) et de Hot Rod. Arrivent les chœurs puis les flûtes et les percussions : la musique prend alors une tournure plus dramatique et tendue, avec de longs crescendos évoquant les dernières BO de Brian Tyler (Fast & Furious 3 et 4), ce qui n’est guère surprenant vu que ce dernier imite le style MediaVentures / Remote Control depuis déjà des années…
Le reste de l’album va aligner quarante minutes durant les morceaux d’action et de suspense avec un sens du rythme et de la tension indéniable, mais sur un mode hélas fort routinier. En effet, l’ensemble sent largement le réchauffé : ici on se croirait dans Bad Boys II (pour l’aspect haletant et syncopé de bon nombre de séquences), là dans American Outlaws (avec le thème triomphal apparaissant dans les scènes finales Meet The Press et Long Goodbye), et plus loin encore dans une partition de Steve Jablonsky (le fameux Scorponok de Transformers est recyclé dans Jack And Kids Escape), qui lui-même emprunte souvent à Rabin !
Autre défaut notable : alors que ces dernières années le compositeur semblait avoir progressé en soignant davantage ses mélodies et ses orchestrations, il en revient pour Race To Witch Mountain à des harmonies beaucoup plus primitives et synthétiques. Le site web Scoring Sessions a beau assurer, photos à l’appui, que Rabin a fait appel à un orchestre de quatre-vingts musiciens et à plus de vingt choristes, hormis dans deux ou trois morceaux, on se demande bien où il a pu cacher tout ce petit monde ! Une fois encore, il retravaille massivement sa composition via les synthétiseurs et noie les parties acoustiques dans une soupe électro plus ou moins indigeste qui confère à l’ensemble un aspect cheap et daté évoquant Randy Edelman, ce qui est quand même bien dommage !
Certes, on retiendra le thème principal introduit dans Into the Fridge, typique du compositeur, le finale majestueux et émouvant (Long Goodbye, dans lequel on reconnaît certains accents de Remember The Titans) et surtout Make Me A Believer, sans doute le meilleur titre de l’album, mélange de mystère, de mélancolie et de merveilleux, beaucoup mieux orchestré que le reste du score. Mais cela n’empêchera malheureusement pas Race To Witch Mountain, très prometteur au départ, de se retrouver classé dans les catégories «paresseux» et «peu inspiré». Trevor Rabin a manifestement trop présumé de ses forces et s’est donc contenté, comme souvent et comme tant d’autres, de sombrer dans la routine…