SPEED RACER (2008)
SPEED RACER
Compositeur : Michael Giacchino
Durée : 60:15 | 20 pistes
CD : Varèse Sarabande
Rating:
Curieux que l’annonce du rattachement de Michael Giacchino au Speed Racer des Frères Wachowski n’ait pas immédiatement, et en tout cas en partie, dissipé les craintes quant à l’orientation musicale du projet. Il est vrai que le sujet (le monde de la course automobile) et les premiers visuels dévoilés, compte-tenu de la mouvance actuelle, pouvaient laisser supposer un traitement essentiellement tourné vers des rythmiques électroniques, avec comme souvent le risque de la facilité et de l’excès. Et pour peu que l’on ait en mémoire la longue séquence autoroutière de The Matrix Reloaded, la perspective d’un Mona Lisa Overdrive (titre du morceau l’illustrant) étiré sur deux heures, malgré d’indéniables qualités, avait de quoi laisser froid.
C’est donc en fin de compte pour beaucoup la surprise de découvrir une partition orchestrale à 100%, au point même d’en attribuer le mérite au seul pouvoir artistique supposé du compositeur. Il est pourtant fort à parier que ce choix fut avant tout celui des Wachowski eux-mêmes. D’abord du simple fait que choisir Michael Giacchino, même s’il n’est pas novice en matière d’électro (la série Alias), revient à miser sur un compositeur qui depuis une dizaine d’années maintenant bâtit sa carrière sur une tradition orchestrale au besoin métissée mais néanmoins traditionnelle. Ensuite parce que malgré la sophistication de leurs images, les Wachowski ont tenu à soigner une esthétique volontairement rétro, laquelle appelait certainement un appui musical qui ne la remette pas en cause : l’ensemble n’est d’ailleurs de ce point de vue pas sans rappeler The Incredibles (Les Indestructibles) de Pixar, ce qui suffit alors a priori à expliquer la présence de son compositeur…
Quoi qu’il en soit vraiment, la mise s’avère plutôt fructueuse. Grand fan (selon ses dires) de la série animée de la Tatsunoko produite en 1967, exportée avec succès aux Etats-Unis et dont s’inspire aujourd’hui le film, Michael Giacchino paie d’abord lui aussi son tribut en en reprenant et arrangeant le thème musical accrocheur (Mahha Go Go Go ! ou son équivalent américain Go Speed Racer Go !) signé à l’époque par Nobuyoshi Koshibe et qui fait tout au long de la partition des apparitions remarquées, souvent dynamiques et chaque fois savoureuses. De fait, il inscrit du même coup l’entièreté de sa contribution sous l’égide d’un profond respect envers le travail de son aîné japonais.
Puisant avec un bonheur toujours aussi manifeste ses sonorités au sein d’un orchestre XXL, réhaussé ponctuellement d’un chœur ou de vocalises solistes, et dans lequel guitares et basse électriques, batteries et moult percussions (congas, marimba…) trouvent une place très naturelle, Giacchino concocte tout à fait le genre de festival de rythmes endiablés et de couleurs instrumentales qu’il affectionne, mariant les genres avec un enthousiasme et une aisance qui font plaisir à entendre : espiégleries cartoonesques, emphases héroiques, accents dramatisants, légèretés « easy listening », élans victorieux et solennels, douceurs nostalgiques, frénésies musclées, le tout s’enchaînant avec une fluidité et une technicité pour le moins déconcertantes tant ce genre d’exploit est devenu bien rare. C’est tout de même, on s’en doute, l’action survitaminée qui prédomine, menée littéralement tambour battant avec son lot de séquences endurantes aux cordes virevoltantes, aux cuivres vigoureux et aux percussions assurées. En bout de course, c’est à un véritable rollercoaster musical auquel on assiste et dont on ressort à tous les coups éreinté.
Plein les yeux, plein les oreilles, c’est un parti-pris simple mais aussi limitatif, celui d’une partition certes particulièrement ludique mais qui suit le rythme du montage à la lettre et n’a d’autres fonctions que celle de surenchérir constamment sur un déploiement visuel déjà chargé : il est donc probable que celui qui goûtera peu au déballage coloré des frères Wachowski trouvera la pilule assez pénible à avaler.
Pour les autres, ce sera au contraire le bonbon fruité sous l’emballage châtoyant, gourmandise à laquelle toutefois le disque édité chez Varèse ne rend que partiellement justice : faisant la part belle à l’action, celui-ci a nécessairement écarté bon nombre de morceaux aux facettes humoristiques et légères (dont en particulier la formidable séquence d’exposition) pour parvenir à une sélection d’une durée d’une heure (sur les deux que compte le film) qui aurait gagné à être plus aérée. On se réjouit néanmoins d’y découvrir le générique final composé par Giacchino, hommage délicieux à la série animée (et incluant d’ailleurs un sample choral directement tiré de la bande-son américaine de cette dernière), écarté dans le film au profit d’une bien moins révérencieuse reprise moderne du même thème, interprétée par Ali Dee et The Deekompressors.
02. World’s Best Autopia (01:15)
03. Thunderhead (03:07)
04. Tragic Story Of Rex Racer (04:49)
05. Vroom And Board (03:38)
06. World’s Worst Road Rage (02:41)
07. Racing’s In Our Blood (01:52)
08. True Heart Of Racing (04:05)
09. Casa Cristo (04:02)
10. End Of The First Leg (02:20)
11. Taejo Turns Trixie (01:37)
12. Bumper To Bumper, Rail To Rail (03:07)
13. The Maltese Ice Cave (02:04)
14. Go Speed, Go ! (01:24)
15. He Ain’t Heavy (01:45)
16. 32 Hours (03:49)
17. Grand Ol’ Prix (06:13)
18. Reboot (03:08)
19. Let Us Drink Milk (04:33)
20. Speed Racer (04:21)
FICHE TECHNIQUE
Direction d’orchestre : Tim Simonec
Orchestre : Hollywood Studio Symphony, Page LA Studio Voices
Orchestrations : Tim Simonec, Jack Hayes, Chris Tilton, Peter Boyer, Richard Bronskill, Chad Seiter, Larry Kenton
Prise de son : Dan Wallin, Greg Dennen, Ryan Robinson, Richard Wheeler, Erick Labson
Montage musique : Joe E. Rand, Stephen M. Davis, Paul Aperlgren, Alex Levy
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