Bonnes vacances avec le Ciné-Trio !

L'ensemble clôture en beauté sa saison 2014-2015

Évènements • Publié le 22/07/2015 par

Avez-vous donc célébré la Fête de la Musique le 21 juin dernier ? Non ? Évidemment, il faut bien avouer que par ici, on se passe allègrement de la permission d’un prétexte annuel pour le faire chaque jour de la meilleure manière possible… Et puis soyons honnêtes : il suffisait d’avoir le courage d’allumer son petit écran la veille au soir pour constater non sans une pointe de dégoût à quel point la musique risquait, une fois de plus, à chaque coin de chaîne ou de rue, d’être plus volontiers honteusement maltraitée que véritablement honorée. Le jeu de mots est facile mais tellement éloquent : oui, décidément, on allait lui faire sa fête, à la musique…

 

Alors que pouvait-on envisager pour marquer symboliquement la venue de l’été ? Il y a bien quelques jours plus tard l’une de ces fêtes de la Saint-Jean à l’esprit familial et bon enfant, stand saucisses-merguez, embrasement de bûchers et feux d’artifice… Mouais… Et pourquoi pas plutôt un concert du Ciné-Trio ?

 

Aussitôt envisagé, aussitôt fait ! Direction le Temple de l’Annonciation dans le XVIème arrondissement de Paris, ce samedi 27 juin, pour le tout dernier concert de la saison de l’ensemble constitué de Philippe Barbey-Lallia (piano), Cyril Baleton (violon) et Timothée Oudinot (hautbois/cor anglais). Tous les mois, les trois musiciens ont à cœur de nous régaler de leurs arrangements des plus grandes musiques pour le cinéma autour d’une thématique choisie : ce fut par exemple le cinéma italien (Viva l’Italia!, en novembre), la SF et le fantastique (Science-Fiction, en janvier), les grands thèmes d’amour (In Love, en février) ou le cinéma asiatique (Made in Asia, en avril), à Paris donc mais aussi exceptionnellement lors de soirées privées à Nantes, Biarritz ou au festival Pratiqu’am de Belleville.

 

Or donc, ce soir-là, le beau temps aidant, l’ambiance était à la plus pure décontraction et le sujet choisi pour l’occasion en était le parfait reflet, constitué d’une très large et généreuse sélection de génériques de séries télévisées, des morceaux qui « conviennent parfaitement à notre formation » précise d’ailleurs Philippe Barbey-Lallia en introduction. Organisé en différentes petites thématiques de quatre à cinq titres, le programme débute ainsi avec des musiques de séries françaises signées Jacques Loussier (Thierry la Fronde), Vladimir Cosma (Michel Strogoff), Laurent Petitgirard (Maigret) et Claude Bolling (Les Brigades du Tigre). S’en suit une sélection dite « en famille » avec le générique (assez inattendu) de Punky Brewster et ceux de Bewitched (Ma Sorcière Bien Aimée), Diff’rent Strokes (Arnold & Willy), The Addams Family (La Famille Addams) et Little House On The Prairie (La Petite Maison dans la Prairie) : c’est dire si le trio a tôt fait ici de titiller la corde de la nostalgie chez nombre de spectateurs ! Et cela ne fait que commencer…

 

Place au suspense ensuite, avec d’abord un très bel arrangement du thème de Mark Snow pour X-Files qui fait son petit effet grâce à la très jolie alliance des harmoniques du violon et des aigus du hautbois, avant que Philippe Barbey-Lallia esquisse et explique en quelques mots les génériques de The Twilight Zone (La Quatrième Dimension) de Marius Constant et The Invaders (Les Envahisseurs) de Dominic Frontiere. L’ensemble conclut alors en force la sélection avec le générique de Sean Callery pour 24 (24 Heures Chrono) et celui, incontournable, de Lalo Schifrin pour Mission: Impossible. Et on ne souffle pas : saveur « so british » pour poursuivre la soirée avec la Marche Funèbre d’une Marionnette de Gounod, morceau qui a notoirement servi de générique à la série Alfred Hitchcock Presents (Alfred Hitchcock Présente), le toujours très apprécié thème de John Barry pour The Persuaders (Amicalement Vôtre) puis ceux d’Edwin Astley pour The Saint (Le Saint) et Laurie Johnson pour The Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir), ce dernier étant d’ailleurs tout spécialement dédié à la mémoire de l’acteur Patrick McNee, disparu deux jours auparavant.

 

 

Vous trouvez la sélection un peu trop terre à terre ? Qu’à cela ne tienne ! Direction les étoiles, vers l’infini (et au-delà) avec les génériques des séries Stargate (ou plutôt en l’occurrence une partie de thème principal du film, signé également David Arnold, que le trio avait déjà arrangé auparavant et qui est commodément repris ici), Star Trek (Alexander Courage) et Star Trek: The Next Generation (Jerry Goldsmith). Besoin de vrais héros ? On les devine dans les thèmes de Game Of Thrones de Ramin Djawadi, le titre le plus actuel du programme entier, celui de Zorro de William Lava, que Cyril Baleton signe à la pointe de son archet, ou encore Airwolf (Supercopter) de Sylvester Levay et McGyver de Randy Edelman, ce dernier évoquant à Philippe Barbey-Lallia quelques souvenirs d’enfance. Dans l’une des courtes allocutions qui ponctuent le concert, le pianiste sensibilise d’ailleurs très justement le public à la belle place qu’accordait naguère plus facilement la télévision aux longs thèmes mélodiques, les plus récentes séries télévisées se contentant bien souvent d’une simple empreinte sonore de quelques secondes.

 

Une pause ? Non, un hommage : à leur manière, les trois musiciens saluent à leur tour la mémoire du compositeur James Horner, avec un très bel arrangement tiré de leur répertoire, un extrait de Hymn To The Sea de Titanic, avant un retour derechef au petit écran : une sélection « détectives » avec le générique tourmenté de Columbo, celui plein d’embruns de Magnum, celui de Poirot, au sein duquel la sonorité du cor anglais de Timothée Oudinot remplace avantageusement celle du saxophone dans la belle mélodie composée par Christopher Gunning, et enfin celui, vif et enjoué, de Murder, She Wrote (Arabesque). Les quelques enfants présents dans la salle ne sont pas oubliés grâce à la sélection suivante, « dessins animés », avec The Simpsons, le toujours délicieux The Pink Panther (La Panthère Rose), Inspecteur Gadget (mais oui ma bonne dame !) et l’excellente et entreprenante ouverture des Aventures de Tintin.

 

Reste au trio à se pencher sur ces sagas éternelles qui, quoi qu’on en pense, restent des incontournables de l’histoire de la télévision aux yeux d’un large public : ainsi retentit le Nadia’s Theme de Barry DeVorzon constituant, depuis près de 42 ans (!), la signature musicale de l’inusable The Young And The Restless (Les Feux de l’Amour), le thème de Bill Conti pour Dynasty (Dynastie), celui tout aussi emblématique de Dallas, avant de finir sur une note plus légère avec la mélodie chantante de The Love Boat (la Croisière s’amuse) de Charles Fox et Paul Williams. Allez, encore un peu d’effort avec la dernière sélection, « action! », qui conclut le programme en enchaînant énergiquement les génériques de Hart To Hart (Pour l’Amour du Risque), Mannix, The A-Team (L’Agence Tous Risques), The Wild Wild West (Les Mystères de l’Ouest) et Peter Gunn.

 

Ajoutez à tout cela un sympathique running gag autour du thème de Charlie’s Angels (Drôles de Dames) présenté trois fois en accompagnement d’un diaporama différent, et un petit quiz qui aura permis à trois spectateurs de gagner chacun un exemplaire du dernier album de l’ensemble (une galette dont le programme avait été d’ailleurs fort justement proposé en concert dans son intégralité près d’un mois auparavant), et vous obtiendrez ma foi une fort agréable soirée musicale, ludique et pleine de fraîcheur pour tout esprit embrumé de fatigue et de chaleur.

 

Alors pour ceux qui comme nous souhaitent soutenir le Ciné-Trio, trois musiciens qui vouent une profonde passion au cinéma et la font vivre d’une manière à la fois originale et conviviale, rendez-vous est pris dans le courant du mois d’octobre prochain, pour une nouvelle saison de concerts pleine de surprises…

 

Pour en savoir plus : Ciné-Trio

 

Florent Groult
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