Cowboys & Aliens (Harry Gregson-Williams)

Les cowboys de Tchernobyl

Disques • Publié le 21/10/2011 par

COWBOYS & ALIENS (2011)
COWBOYS ET ENVAHISSEURS
Compositeur :
Harry Gregson-Williams
Durée : 56:55 | 17 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

3.5 out of 5 stars

Après une première infidélité sur Iron Man, le réalisateur Jon Favreau fait de nouveau faux bond à John Debney en embauchant Harry Gregson-Williams sur Cowboys & Aliens. On se demande bien ce que ce dernier vient faire là, sachant que jusqu’à maintenant il ne s’est illustré qu’une seule fois dans le genre du western, avec un résultat beaucoup plus atmosphérique qu’héroïque (Seraphim Falls). Plus souvent associé au registre intimiste qu’à celui du blockbuster, et malgré ses scores pour les Narnia ou pour Prince Of Persia, le nom de Gregson-Williams pouvait en effet s’avérer moins prometteur que celui de l’entertainer Debney…

 

Et pourtant, dès la séquence d’ouverture (Jake Lonergan), on se dit que Jon Favreau n’a pas fait un mauvais choix. Guitare acoustique, percussions, violons, guitare électrique, thème entraînant dans la lignée de tous ceux écrits pour des néo-westerns depuis les années 80 : cela démarre à merveille ! Cette tonalité western, qui confère au long-métrage l’essentiel de sa séduction (sachant qu’il s’avère très médiocre pour le reste), se retrouve ici et là dans Col. Woodrow Dolarhyde, Goodbye Jake, See You Around et surtout A Kid, A Dog & A Woman, sur un mode encore plus jouissif qu’au début lorsque les héros chevauchent vers l’aventure au son de mélodies enivrantes rappelant The Chronicles Of Narnia (Le Monde de Narnia). C’est d’ailleurs essentiellement du côté de Prince Caspian que Gregson-Williams va puiser pour toutes les scènes d’action et d’aventure du film, depuis celles où les aliens attaquent le village (Attack & Abductions) jusqu’à celles où les mercenaires menés par Daniel Craig se lancent à la conquête du vaisseau extraterrestre (Jake’s Army, Ella’s Mission).

 

Daniel Craig et Harrison Ford dans Cowboys & Aliens

 

Le thème principal se retrouve sur un mode triomphal et galvanisant dans I See Them tandis que tous les autres morceaux sont marqués par la même recette que dans le second Narnia : vastes cavalcades de percussions et de cordes véhémentes dominées par des cuivres altiers et des chœurs aux accents mystiques. Certes, le mélange n’est pas nouveau et l’on pourra aisément accuser le compositeur de recycler ses précédents travaux sans beaucoup se fatiguer, mais il faut néanmoins reconnaître que cela marche très bien et occasionne même des passages fort attractifs.

 

Si le plus faible est à entendre du côté des pistes consacrées aux méchants extraterrestres, pleines de grondements et de sonorités électroniques dissonantes, souvent trop longues et ennuyeuses (il faut dire que l’album dure quand même presque une heure), en revanche le meilleur se trouve, de façon inattendue compte tenu du projet mais compréhensible si l’on considère la prédilection de Gregson-Williams, dans les passages élégiaques. Plutôt nombreux, ils permettent souvent de respirer entre deux scènes d’action ou de tension et se révèlent très envoûtants : consacrés aux flashbacks, aux instants de tendresse amoureuse ou familiale mais aussi aux visions surnaturelles suscitées par le pouvoir des aliens, ces morceaux proposent des mélodies délicates et poignantes orchestrées avec un talent admirable, mettant en avant tantôt la guitare, tantôt le piano, tantôt des cordes frissonnantes, une flûte mélancolique ou encore des voix éthérées. Tout l’art du compositeur de Kingdom Of Heaven est présent ici, et si Cowboys & Aliens n’est pas l’une des partitions les plus marquantes de l’année ni l’une des meilleures de Gregson-Williams, elle contient tout de même suffisamment de bons moments pour justifier qu’on s’y attarde un tant soit peu…

 

Cowboys & Aliens

Gregory Bouak
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