Gorillas In The Mist (Maurice Jarre)

Play-Mate Of The Apes

Disques • Publié le 17/06/2019 par et

Gorillas In The MistGORILLAS IN THE MIST (1988)
GORILLES DANS LA BRUME
Compositeur :
Maurice Jarre
Durée : 44:04 | 6 pistes
Éditeur : MCA Records

 

3 out of 5 stars

 

Un drame biographique inspiré de la vie de Dian Fossey, qui consacra sa vie à la défense des gorilles des montagnes au Rwanda, et un beau film de Michael Apted, tourné sur les lieux même de l’histoire, avec une Sigourney Weaver en état de grâce dans le rôle de la célèbre anthropologue. Difficile de savoir où commence la partie orchestrale et ou s’arrête la partie synthétique dans ce score tant les deux sont intimement mêlées. Le compositeur incorpore à la partition des rythmes, des instruments et des chants africains, notamment dans le premier long morceau, African Wonderment. Force est de constater que le style Jarre, tout en gardant son identité propre, se marie fort bien aux rythmes africains. La musique hors contexte évoque irrésistiblement les paysages de jungle, les monts luxuriants et la démesure du continent noir. La partition repose sur une puissante mélodie au rythme très enlevé qui donne un aspect romancé à la sobre réalisation, de type documentaire. Les envolées lyriques du thème principal (un peu trop répétitif), point d’orgue de cette partition, illustre à merveille la féminité et le courage.

 

Gorillas In The Mist

 

Le premier mouvement impose d’emblée un sentiment de grandeur maîtrisée, non écrasante : c’est une femme plus qu’une héroïne qui apparaît. Le compositeur confirme ici, s’il en était encore besoin, son fabuleux sens des articulations, sa palette infinie des nuances, mais aussi son impérieuse nécessité. Le ton se dramatise au fur et à mesure que les difficultés s’amoncellent autour du personnage central. La musique agit alors comme une épaule sur laquelle se poser quand la douleur étire ses ombres. Bien que de nature électro-acoustique, la partition, profondément humaine, possède quelque chose d’épique sans pour autant se départir d’un somptueux classicisme. Le climat, chaleureux et serein, doit pourtant bientôt céder la place à des motifs pour percussions survoltées des plus agressifs et des plus inharmonieux pour souligner la bestialité de l’homme envers l’animal. La reprise de la mélodie centrale n’en apparaît alors que plus perspicace, l’auteur y inscrivant des perspectives colorées et surtout des matières ambre et glaise, comme enracinées dans le nœud de la Terre. Ce principe dynamique, tour à tour attendri et interrogateur, permet à Maurice Jarre d’ouvrir les portes d’un futur encore non avéré, de creuser des contrastes actifs. Le phrasé est souple comme jamais et impeccable dans sa progression : les lignes avancent, se tressent, se nouent, sans le mouvement général, sans effet de césure. Tout respire avec une sorte d’évidence fascinante. On entend la logique d’un discours qui ne s’arrête pas, la respiration d’un grand corps vivant qui vous emporte.

 

Gorillas In The Mist