GRAND PRIX (1966)
GRAND PRIX
Compositeur : Maurice Jarre
Durée : 70:40 | 30 pistes
Éditeur : Film Score Monthly
A l’écoute de l’Overture, si l’on ne sait pas de quel film provient cette musique, on pense tout de suite à un western : percussions, thème americana limite sud-américain, guitare, piano bastringue… Le Grand Prix de John Frankenheimer, avec James Garner, Eva Marie Saint et Toshirô Mifune, n’est bien évidemment pas un film sur l’ouest américain mais, comme son nom l’indique, un drame sportif sur les courses de Formule 1. Dans ce film, les courses de voiture ne sont qu’un prétexte et l’intérêt de l’histoire se porte avant tout sur les aventures sentimentales des pilotes (le film est une saga de trois heures). N’en demeurent pas moins quelques très grands moments cinématographiques remplis d’images de voitures et de circuits : pour l’époque, le film fut un véritable défi technique. Toutes les courses sont réelles et les cascades sans aucun effet spécial.
A partir de son unique thème principal, Maurice Jarre nous invite au voyage d’un continent à l’autre au rythme des courses et des couples qui se font et se défont. Les premières notes sont assez étonnantes : les cuivres dissonants nous rappellent le son des bolides. Le morceau enchaîne ensuite avec le thème principal développé de différentes façons : tantôt grandiloquent, tantôt romantique, à l’image du reste de la partition. Ensuite le disque nous propose tour à tour une version romantique du thème, une version fanfare (façon parade à la Ben-Hur), une version bossa nova, une version valse, une version plus sombre pour guitare et cordes, et bien entendu une version pour percussions et cuivres pour illustrer les moments forts des courses. A plusieurs occasions, de vrais sons de voitures sont inclus dans le mixage, le moteur de F1 devenant ainsi un nouvel instrument. Le disque est très agréable d’écoute malgré les changements de ton à chaque piste. Avec ce score, la carrière américaine de Jarre démarre plutôt en fanfare et nous offre toute l’étendue de ses multiples talents.
Jarre expliquera plus tard que Frankenheimer lui proposa de faire un petit tour en voiture de course pour saisir le sentiment de la vitesse et écrire une partition dans ce sens. Il accepta de bonne grâce, mais confessa qu’il avait eu du mal à cacher sa panique alors qu’il était attaché dans un bolide traçant à 350 kilomètres heure. Une fois arrêté, Jarre sortit du véhicule et annonça non sans humour au cinéaste qu’il n’écrirait pas la musique de son prochain film si celui-ci abordait la tauromachie.