JUSTICE LEAGUE: CRISIS ON TWO EARTHS (2010)
JUSTICE LEAGUE: CRISIS ON TWO EARTHS
Compositeurs : James L. Venable & Christopher Drake
Durée : 59:58 | 15 pistes
Éditeur : Warner Bros.
Et si des éléments de deux univers parallèles se confrontaient en un même endroit ? C’est le point de départ de Justice League: Crisis On Two Earths, DTV basé en partie sur le roman graphique de Grant Morrison JLA: Earth 2. Le long métrage débute sur une planète Terre alternative, par l’intrusion d’un Lex Luthor et d’un Joker alternatifs eux aussi, tous deux au service du Bien, dans un laboratoire du Syndicat du Crime (qui regroupe les versions maléfiques de Superman, Batman et Flash, entre autres) afin d’y dérober un élément technologique (ne me demandez pas quoi, même le scénario semble ne pas y prêter attention !). Profitant du sacrifice du Joker, Lex Luthor (alternatif, appelons-le Luthor 2) parvient à s’échapper et à se rendre sur notre bonne vieille planète. Son espoir réside dans le fait de convaincre la Ligue des Justiciers de l’aider dans son combat contre le Syndicat du Crime. Après avoir fourni une série d’explications vaseuses, Luthor 2 gagne la confiance de nos super-héros (il est fort ce Luthor). Malgré les réticences de Batman (qui prétend que la Ligue des Justiciers ne comporte déjà pas assez de membres pour régler les problèmes sur notre planète), nos super-héros se téléportent sur la Terre alternative. S’en suit alors une longue série de combats mettant aux prises les membres du Syndicat du Crime (Ultraman – l’alter ego négatif de Superman, Owlman – celui de Batman, Johnny Quick – celui de Flash, etc…) et nos héros (à l’exception de Batman qui est resté pour poursuivre la construction de la Tour de Guet Spatiale)…
La musique de ce film d’animation est composée par James L. Venable (Scary Movie 3 et 4, entre autres) sur des thèmes et musiques additionnelles de Christopher Drake, le tout confié à une bordée de synthétiseurs et de micro-ordinateurs. Les banques de sons ont parfois une ressemblance assez marquante avec le son de vrais instruments, et notamment certains cuivres dans Break In (il faut aussi y noter un piano martelé du plus bel effet et des claquements d’archets très convaincants) et dans le Main Title (ses cuivres samplés exposent un thème qu’on suppose être celui de Christopher Drake). Ce thème ne fera malheureusement pas d’autre apparition avant Ending / End Credits, le dernier morceau de la partition, et s’apparente d’ailleurs plus à un motif qu’à un véritable développement mélodique. L’ensemble du score est constitué de nombreux passages d’action. Ainsi, Headquarters Battle dévoile un ostinato de cordes samplées émaillé de brèves saillies de cuivres. Un thérémine samplé fait une petite incursion au sein d’un morceau dominé par un rythme syncopé apporté par les cuivres et soutenus par les cymbales. Le morceau suivant, Battle In The Sky, fait la part belle aux cloches tubulaires, aux coups d’enclume, aux timbales et à diverses percussions qui se déchainent littéralement. Ca cogne fort mais, à vrai dire, un peu dans le vide…
Heureusement, la partition respire un peu en quelques occasions au milieu de ce vacarme plein de bruit et de fureur, et notamment dans QED Monologue / Crime Syndicate ou dans Owlman Multiverse Monologue, avec une flute traversière qui apporte ici un peu de mystère tandis que les samples de cordes viennent dominer le reste du morceau. Un nouvel ostinato de cordes dans Perimeter Breach Watchtower (plus de cinq minutes de suspense et d’action) débouche sur une pièce d’action où quelques samples de guitare électrique font leur apparition en guise de rythmique. La harpe amène quelques secondes de répit au beau milieu d’un fracas de cuivres. Rose And Jon Mindmeld / Owlman’s End expose des choeurs samplés et des roulements de cymbales sur fond de bois et cuivres. Alors que la bataille fait rage entre Batman et son double maléfique, le compositeur abuse ici, ainsi que dans Moonbase Battle, de cuivres aigus samplés qui sont sans doute les moins réussis de cette imitation de score symphonique qui était pourtant jusqu’ici d’une relative bonne tenue. Mais par bonheur, les bois samplés virevoltent avec une certaine grâce dans ce morceau, le plus long de la partition. On peut également noter l’emploi de diverses percussions et le retour des claquements d’archets. Le titre Teleport présente un nouvel ostinato de cordes ainsi qu’un woodblock égrenant le suspense de la séquence de téléportation. Puis, les cordes accompagnent les adieux de Jon J’onzz dans Jon Says Goddbye et laissent la place à une fanfare victorieuse dans Cavalry.
La partition, sans être extrêmement marquante, reste de qualité malgré les moyens limités (aucun véritable instrument de musique acoustique) et la relative cachexie thématique. Mais la plus grande faiblesse de cette partition ne réside pas dans son approche entièrement synthétique, mais plutôt dans l’adynamie générée par une succession de morceaux d’actions qui essaient tous de frapper de plus en plus fort. Il faut dire, à la décharge du compositeur, que mettre en musique un dessin animé où les minutes de calme se comptent sur les doigts d’une main n’est pas propice à la construction d’une musique équilibrée. Bref, si vous aimez quand la musique se déchaine sans laisser le temps à l’auditeur de respirer, et pour peu que vous ne soyez pas allergique aux samples orchestraux, ce Crisis On Two Earths est pour vous. Dans le cas contraire, il vous faudra sans doute passer votre chemin.