DISTRICT 9 (2009)
DISTRICT 9
Compositeur : Clinton Shorter
Durée : 29:45 | 11 pistes
Éditeur : Sony Pictures
Pour mettre en musique District 9, le réalisateur Neill Blomkamp s’est naturellement tourné vers le compositeur qui avait déjà signé la bande originale de son précédent film, Alive In Joburg, court-métrage ayant servi de base scénaristique à ce premier long. Auteur d’une trentaine de scores majoritairement écrits pour des courts-métrages et pour la télévision, le Canadien Clinton Shorter a ainsi trouvé à son tour l’occasion de passer enfin sur le devant de la scène et de se faire connaître d’un public plus large. Le réalisateur lui ayant demandé de renforcer encore la touche ethnique tout en livrant une partition beaucoup plus sombre, il a lui aussi revu son précédent travail à la hausse, ajoutant aux percussions et à la voix soliste d’origine un savant mélange d’orchestre et de synthétiseurs qui reflète, selon lui, l’hybridation très présente dans le film ainsi que le recours massif aux nouvelles technologies.
Le morceau qui ouvre l’album, District 9, se présente alors comme un long medley récapitulant l’ensemble des motifs et ambiances du film : sur fond de nappes synthétiques atmosphériques et de cordes, la voix du chanteur africain entonne une mélopée déchirante jetée dans le désert, parfaite évocation de la solitude et de la douleur ressenties tant par les héros (l’un humain, l’autre extraterrestre) que par une population tout entière. Évidemment, le compositeur n’évite pas les clichés et l’on pense alors à quantité d’autres partitions usant du folklore africain de façon plus ou moins subtile, de Goodbye Bafana à The Last King Of Scotland (Le Dernier Roi d’Écosse) en passant par Blood Diamond ou encore par certaines musiques de Jerry Goldsmith ayant fait appel à Lebo M telles Congo et The Ghost And The Darkness (L’Ombre et la Proie)…
Si Shorter évoque plutôt parmi ses références des expérimentateurs chevronnés comme Mark Isham et Thomas Newman, c’est surtout le style de Hans Zimmer et par suite celui de Steve Jablonsky qu’il semble imiter. À plusieurs reprises l’on croirait entendre un mélange de The Dark Knight et de Transformers, de Black Hawk Down (La Chute du Faucon Noir) et de Tears Of The Sun (Les Larmes du Soleil), lorsque l’orchestre se lance dans des attaques de cordes scandées et dramatiques sur le mode grave et lancinant typique des productions Remote Control. Était-ce là une demande spécifique du metteur en scène ? Sans doute ne le saura-t-on jamais vraiment mais en tout cas, cela ne parlera pas en faveur de l’originalité de Clinton Shorter.
Le long crescendo de District 9, qui fait intervenir un déluge de percussions ethniques et des cuivres tantôt rageurs tantôt solennels, les emballements frénétiques de Harvesting Material et de Wikus Is Still Running, morceaux presque uniquement percussifs et tribaux, l’utilisation massive de sonorités et de rythmes synthétiques, le retour fréquent de la voix masculine aux accents poignants et désespérés au cœur de pistes souvent planantes, l’emploi d’instruments exotiques en abondance (duduk, sitar), tout cela donne lieu à des moments très prenants et fonctionnant très bien à l’écran mais rappelant trop The Power Of One (La Puissance de l’Ange) ou encore Gladiator… Efficace mais impersonnelle, fort bien exécutée mais peu mémorable au bout du compte, la musique de District 9, représentée à hauteur de trente minutes sur l’album édité par Sony alors que le film en compte au moins le double, séduira donc avant tout les néophytes. Les autres exigeront davantage pour pouvoir s’estimer vraiment satisfaits.