Damnation Alley (Jerry Goldsmith)

Juste la Fin du Monde

La décade prodigieuse • Publié le 19/02/2019 par

Damnation AlleyDAMNATION ALLEY (1977)
LES SURVIVANTS DE LA FIN DU MONDE
Compositeur :
Jerry Goldsmith
Durée : 33:46 | 16 pistes
Éditeur : Intrada (2017)

 

4 out of 5 stars

 

L’apocalypse sur les écrans de cinéma, c’est loin d’être une sinécure. Devant un genre dont la quiddité réclame de généreuses liquidités, les producteurs margoulins s’entendent à exhiber le fond poussiéreux de leur porte-monnaie. Les dantesques visions de gratte-ciels éventrés par le feu atomique rapetissent à l’échelle naine de carrières à l’abandon, et les conquérants des temps nouveaux, qui s’incarnent à travers les mines éberluées d’une poignée de figurants, ont bien triste allure. Sans disparaître non plus dans les tréfonds monétaires des ersatz qui grouillèrent à Cinecittà, Damnation Alley ne réussit guère mieux que ses congénères impécunieux à matérialiser une fin du monde potable. Pas de quoi démoraliser Jerry Goldsmith, qui se trouvait alors à l’orée de deux décennies pas vraiment chiches pour lui en productions de dernière catégorie. Feignant comme il le fit toujours de n’avoir rien vu, il invoque la rude sécheresse de son style seventies, bardé de cordes aiguisées avec une patience infinie et de cuivres se répandant en hoquets féroces. A ce menu déjà copieux s’additionnent d’efficaces trépidations électroniques, dont le présent disque, exemplaire de fidélité, procède à la recréation qu’imposait le lent effritement des ans – quatre décennies pour être exact. Ce traitement de faveur eût aussi bien pu mettre en relief, par accident malheureux, des afféteries redondantes ou vieillottes dans l’écriture de Goldsmith. Que nenni ! Seule triomphe son inusable modernité.

  Ça c'est de la bagnole !

Benjamin Josse
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