Die Blechtrommel / Le Tambour (Maurice Jarre)

Bang The Drum Slowly

Disques • Publié le 17/05/2019 par

Die BlechtrommelDIE BLECHTROMMEL (1979)
LE TAMBOUR
Compositeur :
Maurice Jarre
Durée : 31:29 | 10 pistes
Éditeur : RCA Records (LP)

 

4 out of 5 stars

 

Oskar (hallucinant David Bennent !), dégoûté par le monde des hommes, décide de ne plus grandir. Simulant une chute dans la cave pour expliquer son état, il ne se sépare plus de son cadeau d’anniversaire, un tambour, alors que les nazis sont aux portes de la ville. Parce que les femmes de sa vie disparaissent peu à peu, Oskar n’a plus que son tambour et un cri inhumain, capable de briser le verre, pour exprimer son dégoût du monde. Film fort et pessimiste, sorte de Peter Pan perverti et déviant, Die Blechtrommel récoltera la Palme d’Or à Cannes, l’Oscar du meilleur film étranger ainsi qu’une flopée de prix dans divers festivals. « Schlöndorff est un réalisateur qui a une culture musicale fantastique » déclare Jarre dans l’Humanité, en novembre 2003. Ceci explique sans doute l’éclectisme de la partition proposée par le compositeur.

 

Le score se compose de deux suites enchaînant chacune cinq morceaux. Le premier extrait proposé, La Terre Kachoube, est ainsi introduit par une flûte slovaque, le fujara, avant qu’un tambour fort martial ne prenne le relais pour le thème d’Oskar. On retrouve cette étrange flûte, au son quasi asiatique, au début du joli thème suivant, néanmoins construit en crescendo inquiétant, soulignant l’inexorabilité de l’histoire. Cet extrait est entrecoupé par un morceau type piano bastringue, un ragtime enjoué et une comptine pour enfant, thème du marchand de jouet, alors que le tambour, violent, resurgit de temps en temps. La première partie se conclut sur une montée orchestrale déchirante, aux accords désespérés.

 

La Poste Polonaise, qui ouvre la seconde suite, se décline pour piano solo avant d’enchaîner sur La Parade Interrompue de Meyer, fanfare enjouée et décalée où le tambour d’Oskar vient semer la zizanie avant que le tout ne parte complètement en « sucette » dissonante. Le Beau Danube Bleu se fait gentiment massacrer pour l’occasion ! Retour de l’inquiétant thème central. Cette fameuse flûte apporte un frisson glaçant. Le thème de Roswitha, pour mandoline et accordéon, évoque la nostalgie. Le long final est un mix entre le crescendo principal et l’ultime thème de la première partie, perverti une nouvelle fois par le fujara. Le tout enfle et semble vouloir s’envoler, sans jamais y parvenir, avant de s’éteindre quasiment en queue de poisson. A l’instar du héros, ce passage plein de promesses refuse obstinément de grandir. A ne pas écouter les soirs de cafard.

 

David Bennent dans Le Tambour