Tinker Bell And The Secret Of The Wings (Joel McNeely)

Le secret bien gardé de McNeely

Disques • Publié le 10/10/2012 par

Tinker Bell And The Secret Of The WingsTINKER BELL AND THE SECRET OF THE WINGS (2012)
CLOCHETTE ET LE SECRET DES FÉES
Compositeur :
Joel McNeely
Durée : 83:00 | 19 pistes
Éditeur : Walt Disney Records

 

3.5 out of 5 stars

Puisque la question vous brûle les lèvres, hâtons-nous d’y répondre : non, de toute évidence, et malgré les suppliques qui se font entendre parfois, Joel McNeely n’est pour l’heure aucunement décidé à retirer les oreilles de Mickey porte-bonheur qu’il coiffe avec une loyauté indéfectible depuis des années ! Pourquoi d’ailleurs le lui reprocher tant elles semblent lui réussir en tous points ? Aussi – prenez une longue respiration – tandis que les visiteurs de Disneyland Paris peuvent profiter des éclats orchestraux et choraux de sa courte partition pour le spectacle nocturne Disney Dreams qui, depuis avril dernier, marque le vingtième anniversaire du parc en illuminant chaque soir le ciel de Marne-la-Vallée, le compositeur poursuit mine de rien son bonhomme de chemin au sein des confortables DisneyToon Studios, bien établi au générique de la franchise Disney Fairies qui s’enrichit aujourd’hui d’un tout nouveau long-métrage… Vous suivez ? Et oui, tant de Disney dégoulinant dans une seule phrase, il vaut mieux ne pas y être allergique ! Mais reprenons…

 

Bien installé disions-nous ? Certes, mais pas paresseux pour autant : perfectionniste quoi qu’il entreprenne, McNeely n’est pas homme à se reposer bêtement sur ses acquis et s’est donc évertué à enrichir substantiellement la magie musicale en fonction des spécificités de chaque récit. Après une toute première partition en forme de fantaisie celtique enchanteresse et chatoyante (voir notre chronique), Tinker Bell And The Lost Treasure (Clochette et la Pierre de Lune) apportait la vigueur franche de l’aventure avant que Tinker Bell And The Great Fairy Rescue (Clochette et l’Expédition Féérique) n’injecte des harmonies plus profondément ancrées dans le patrimoine musical anglais. Aujourd’hui, Tinker Bell And The Secret Of The Wings permet une nouvelle fois à McNeely d’explorer un peu plus le monde féérique.

 

Bien entendu, on s’en doute, il ne s’agit pas pour lui de remettre drastiquement en cause l’approche générale instaurée dès le début. On y retrouvera donc largement le style hautement illustratif précédemment développé, lequel ravira une fois de plus les adeptes d’orchestrations roboratives, ainsi que les divers éléments thématiques mis en place. Les mélodies de Tinker Bell et de Pixie Hollow s’avèrent ainsi toujours aussi séduisantes et malléables et les intonations celtiques, quoique de moins en moins ostensibles, restent toujours d’actualité. Quant à l’aventure, elle retentit toujours avec ce petit côté western revigorant, en particulier au travers de robustes éclats de cuivres et d’une séquence virevoltante de cordes qui soutiennent avec beaucoup d’allant le vol d’un hibou des neiges qui emporte l’héroïne au cœur des mystérieux Winter Woods.

 

Tinker Bell And The Secret Of The Wings

 

Ces derniers sont d’ailleurs l’attrait majeur de cette nouvelle partition. Sans doute soucieux d’apporter une identité musicale propre à l’endroit et à ses habitants, Joel McNeely décide d’élargir avant tout la palette des sonorités à sa disposition : les aigus tantôt doux tantôt mordants des «verres musicaux» et du waterphone, alliés à la transparence de quelques effets électroniques soigneusement choisis, deviennent alors les reflets d’un monde figé par le froid et la blancheur de la neige, à l’écart des autres mais pourtant plein de vie. L’autre facette remarquable est la nouvelle mélodie conçue pour le personnage de Periwinkle qui sonne comme une discrète déclinaison de celle de Tinker Bell (et pour cause : les deux fées sont nées du même rire d’enfant), les deux thèmes étant destinés à s’entremêler à l’envi dans un esprit de naturelle évidence. Finalement, malgré les tonitruances dramatiques qui ne manqueront pas d’animer le final (un équilibre rompu engendrant une catastrophe), ces quelques nouveaux aspects suffisent à faire indéniablement de cette quatrième partition la plus touchante et la plus ouvertement intimiste jusqu’ici.

 

Signalons également que, comme à l’habitude, Joel McNeely a produit les deux inévitables chansons (intitulées We’ll Be There et The Great Divide) interprétées par les stars adolescentes maison et qui forment bien sûr l’argument commercial principal de cette bande originale. Une fois encore, on plaidera la cause du compositeur pour une meilleure reconnaissance de son excellent travail sur la franchise. Il serait ainsi de bon ton de permettre à un label spécialisé (disons Intrada Records, au vu de ses récentes collaborations avec Disney) de s’emparer enfin de ces partitions qui méritent tellement mieux que le traitement éditorial léger comme une fée (et encore, l’euphémisme est doux…) qui leur a été réservé jusqu’ici, sans pour autant d’ailleurs en offrir obligatoirement l’intégralité. Pour tout dire, n’y a-t-il chez chacune d’entre elles suffisamment d’éléments évoquant la danse pour songer que, convenablement condensées et assemblées, elles feraient de bien jolies suites de ballet ? On peut tout de même rêver, non ?

 

Tinker Bell And The Secret Of The Wings

Florent Groult
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