PSYCHO (1960)
PSYCHOSE
Compositeur : Bernard Herrmann
Durée : 60:43 | 40 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande




Une vingtaine d’années après la mort de Bernard Herrmann, Robert Townson a lancé une série de réenregistrements des œuvres du maestro afin de permettre à un nouveau public de les découvrir dans des conditions optimales. Qualité sonore excellente, éditions soignées (partitions intégrales dans la mesure du possible, livrets regorgeant de photos et d’informations), tout est fait pour attirer le béophile curieux, et celui-ci ne sera pas déçu. C’est le compositeur Joel McNeely, ancien protégé de Jerry Goldsmith, qui se charge de reprendre les partitions d’Herrmann afin de les interpréter à la tête de l’excellent Royal Scottish National Orchestra. Sous la baguette de McNeely, la série compte actuellement quinze (ré)éditions. Celle de Psycho, comme toutes les autres, est pourvue d’un livret passionnant racontant la genèse du film et de la musique puis proposant une analyse du score morceau par morceau.
Quel est l’intérêt, me direz-vous, de faire l’acquisition de cette version quand on possède déjà celle dirigée par Herrmann ? Non seulement pour les raisons énoncées plus haut (packaging du CD, qualité sonore), mais aussi et surtout en raison de la musique elle-même. L’enregistrement de 1975 dirigé par le compositeur est précieux car il possède une valeur historique et affective aux yeux des fans, mais bon nombre de spécialistes estiment que la version dirigée par McNeely en 1996 lui est en tous points supérieure.
Le reproche majeur adressé à la version de 1975 est la profonde apathie des rythmes et des tempi, comme si le malheureux compositeur, déjà bien atteint par la maladie, n’était pas arrivé à trouver l’énergie nécessaire pour donner à sa musique tout ce qu’elle exigeait. En effet, à l’écoute du disque Unicorn, on constate que les tempi sont considérablement ralentis par rapport à ce qu’on pouvait entendre dans le film, alors que l’enregistrement de McNeely redonne à la partition un second souffle, une nouvelle jeunesse et une vigueur décuplée, plus fidèles à la version d’origine. Si les morceaux lents s’en ressentent assez peu, en revanche tous ceux faisant intervenir le thème du Prelude ou celui de The Murder, de même que la découverte finale ou encore les scènes tendues qui suivent le premier meurtre, sont littéralement transformés.
Fait intéressant, la version de 1975, qui disait contenir le score complet, propose cependant un morceau de moins que celle de 1996, Cleanup, qui reprend le motif tourbillonnant et hypnotique présenté dans The Water. Les deux albums sont forcément de durée assez proche mais la durée varie d’un morceau à l’autre, pouvant aller jusqu’à quarante secondes de différence, tantôt au profit de la version d’Herrmann tantôt au profit de celle de McNeely. Les orchestrations connaissent elles aussi de subtiles variations d’un album à l’autre, et chacun sera libre de déterminer celles qu’il préfère (par exemple, The Body est sensiblement différent dans la réinterprétation de 1996). En tous les cas, le travail d’orfèvre de Joel McNeely, entièrement dévoué à l’œuvre de son illustre aîné, se révèle d’une qualité inestimable et rend l’album Varèse Sarabande hautement recommandable, voire indispensable pour tout amateur qui se respecte.