À la question de savoir s’il venait d’une famille de musiciens, il pouvait répondre avec humour que l’une de ses sœurs avait effectivement des prédispositions, manière également de dire qu’il n’était pas qu’un «fils de»… Et si on lui demandait plus directement s’il était le fils du célèbre Jerry Goldsmith, il répondait : «Non. Mais, à cause du rôle important que joue le népotisme à Hollywood, j’utilise le nom de Goldsmith. J’ai également utilisé les alias Joel Williams, Joel Horner, Joel Zimmer, Joel Newman, Joel Newton-Howard et bien sûr Joël Herrmann… Mais je pense que Joel Goldsmith sonne vraiment bien !»
Né le 19 novembre 1957, Joel baigne dès son plus jeune âge dans la musique et le cinéma et c’est tout naturellement qu’il rejoint ces deux milieux dès la fin des années 70 en tant que mixeur son pour le producteur Charles Band. En compagnie du frère de celui-ci, Richard Band, il débute bientôt sa carrière de compositeur en co-signant avec lui les musiques des films Auditions puis Laserblast (Rayon Laser) en 1978. «Nous avons tous deux perdu notre virginité sur ce film, c’était une sacrée expérience» dira-t-il plus tard.
Ayant découvert très tôt, par son père, les synthétiseurs et la musique électronique, il se fait d’abord connaître sur des projets anecdotiques tels que Island Of Blood, The Man With Two Brains (L’Homme aux Deux Cerveaux), Crystal Heart ou Banzai Runner. Il prête d’ailleurs main forte à son père à plusieurs reprises en tant que musicien sur des titres tels que Runaway (Runaway, l’Évadé du Futur) ou Hoosiers (Le Grand Défi), comme il le fera bien plus tard sur Star Trek : First Contact (Star Trek : Premier Contact) pour lequel il compose les textures musicales attachées aux Borgs.
Entretemps, suite au désistement de Christopher Young, Joel signe finalement sa première partition orchestrale pour Moon 44 en 1990 et attire l’attention sur lui : «Travailler avec l’orchestre fut une expérience vraiment agréable et Chris Stone a accompli un merveilleux travail d’orchestration et de direction, bien que j’aie dirigé moi-même le thème principal. J’étais terrifié, mais cela a été un grand moment. C’était la première fois que je dirigeais officiellement. Depuis lors j’en ai fait beaucoup plus.» En effet, par la suite il travaillera pour quelques autres longs métrages tels que Shiloh, Kull The Conqueror (Kull le Conquérant), Shadow Of Doubt (La Dernière Preuve) ou encore Diamonds. Il fera également quelques incursions dans le jeu vidéo, en particulier pour le très remarqué Call Of Duty 3.
Mais c’est finalement la télévision qui lui apportera une notoriété bien méritée : après avoir brillamment assuré le travail de fond sur la série HELP et et le téléfilm Brotherhood Of The Gun (également connu sous le titre Hollister) dont les thèmes principaux, dans les deux cas, ont été signés Jerry Goldsmith, Joel répond à l’appel du producteur Fred Lyle pour mettre en musique la série The Untouchables (Les Incorruptibles : Le Retour). Suivront entre autres Hawkeye (La Légende d’Hawkeye) et Withchblade, quelques épisodes de The Outer Limits (Au-delà du Réel : l’Aventure Continue) ou de Diagnosis Murder (Diagnostique : Meurtre) et le téléfilm Helen Of Troy (Hélène de Troie). Mais on retiendra bien sûr particulièrement qu’il fut le compositeur attitré et le directeur musical de la franchise Stargate, travaillant à ce titre abondamment pour les trois séries dédiées que sont Stargate SG-1, Stargate Atlantis et finalement Stargate Universe, soit en tout près de 350 épisodes auxquels s’ajoutent les téléfilms The Ark Of Truth (L’Arche de la Vérité), Continuum et Children Of The Gods. Il récoltera ainsi trois nominations aux Emmy Awards.
Il avait annoncé l’année passée qu’il souffrait d’un cancer. Joel Goldsmith est décédé ce 29 avril. Il n’avait que 54 ans.