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Le sax à la sensualité fatale de L’Été Meurtrier n’est qu’un leurre : la saison est plutôt aux cordes tourmentées, pesantes voire orageuses, hantées par le spectre d’un piano mécanique. La Reine Blanche, elle, renvoie presque à la mélancolie régionaliste des Cousins de la Constance (réédité au même moment, heureux hasard).
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Réédition anniversaire de deux musiques aux ambiances différentes, sans être si éloignées que cela. En effet, si le score de L’Été Meurtrier s’avère assez sombre, distillant souvent une ambiance dérangeante et triste, celui de La Reine Blanche se veut plus populaire et mélancolique, mais aussi joyeux. Au final, la réunion est cohérente.
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Un film noir ensoleillé : Delerue construit comme un puzzle le personnage d’Éliane, sensualité, mystère, trauma. Une mélancolie : celle de l’après-guerre ou la douceur masque les erreurs du passé. Joli doublé où s’exprime le Delerue à la française, plus épars, qui brouille la frontière diégétique pour soutenir le drame.
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Le style mélodique inné de Delerue vient se heurter à la violence qui gronde au tréfond de l’âme meurtrie d’Eliane, qui assouvit sa vengeance lentement, sinueusement. Delerue illustre cet état d’esprit, cette noirceur du récit, à merveille. Pour La Reine Blanche, il fait à peu près tout l’inverse (mélodie identifiable, légèreté qui n’exclut pas la nostalgie).
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Deux drames très différents, deux façon de les traiter musicalement. L’Été Meurtrier s’enfonce dans l’obscurité, les cordes s’approchent de l’adagio, le tout est d’une tristesse infinie. La Reine Blanche cherche la lumière, sa musique l’accompagne avec grâce. Deux facettes, deux réussites signées Delerue.
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