X-Men Origins: Wolverine (Harry Gregson-Williams)

Incassable ?

Disques • Publié le 19/09/2025 par

X-MEN ORIGINS: WOLVERINE (2009)
X-MEN ORIGINS: WOLVERINE
Compositeur :
Harry Gregson-Williams
Durée : 45:34 | 14 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

1 out of 5 stars

 

Le silence. C’est ce qui définit toute la narration du comic-book Weapon X, décrivant, par les comptes-rendus des scientifiques, l’expérience qui mena Wolverine à avoir un squelette en adamantium. Il n’y avait qu’un pas à franchir pour en faire une adaptation. Ce sera le cas avec X-Men Origins: Wolverine, réalisé par Gavin Hood en 2009, qui retrace les origines de Wolverine. Il n’y avait aussi qu’un pas pour engager le compositeur Harry Gregson-Williams, qui avait commencé sa carrière aux côtés de John Powell, compositeur de X-Men: The Last Stand (X-Men : l’Affrontement Final).

 

Le silence semble aussi être le mot d’ordre de la musique. Tout commençait pourtant bien. L’album débute avec le générique (Logan Through Time) où Gregson-Williams nous présente le thème principal, pas très éloigné du thème de The Rock (composé avec Hans Zimmer et Nick Glennie-Smith). Avec ses cuivres, ses chœurs et ses percussions trafiquées, le thème est multiple et montre la noblesse de Wolverine, qui ne cède pas à l’animalité de sa mutation, mais aussi son héroïsme et la tragédie intrinsèque à son histoire. Ce générique introduit aussi un motif de quatre notes à la trompette pour le côté militaire de Logan, un motif de guitare qui fibrille et les chœurs, se rattachant notamment à Stryker et ses expériences. Le tout est emballé dans un genre électro-orchestral jusqu’ici pas déplaisant et assez proche de la mode de l’époque.

 

Mais tout s’écroule très rapidement. Un underscore écrasant, des beats électro comblant le vide pendant de longues minutes, vient soudainement tout remplacer. Gregson-Williams a beau ajouter un thème d’émotion classique au piano pour la petite amie de Wolverine (Kayla) et des morceaux rock-électro très punchy pour des moments d’action impressionnants (Wade Goes To Work, procédé fréquent chez Harry Gregson-Williams qu’on retrouve par exemple la même année sur The Taking Of Pelham 123), il semble être passé en pilotage automatique. L’habillage des scènes d’action par exemple est à pâlir. Quand ce n’est pas juste un tremblement de violoncelle amplifié, la musique est réduite à des poussées soudaines et très courtes évoquant rapidement les thèmes dans des crescendos assez basiques, prévisibles et qui finissent toujours par des drops (proches de la mise en musique des jumpscare dans les films d’horreur). Quand elle s’emballe, c’est pour présenter des boucles de violons qui montent progressivement en aigu, des distorsions électro ou de cordes sans originalité et des percussions très passe-partout. Cela rend le tout très discontinu, enchaînant parfois des morceaux très énergiques avec des parties presque silencieuses.

 

Pourtant à l’image, la musique n’est pas sous-mixée. Elle est même assez bien mise en avant, dès le générique et même sur les scènes d’action, où les bruits sont rois sans être omniprésents. Mais Gregson-Williams ne semble que s’appliquer paresseusement, mettant simplement les thèmes aux moments adéquats sans les développer. C’est d’ailleurs quelque peu maladroit parfois : il lui arrive d’apposer ses thématiques à des endroits où elles ne fonctionnent pas (le noble thème principal alors que Wolvie est sur le chemin de la vengeance dans Adamantium). Les chœurs, parfaits quand il faut ajouter une dimension étrange et mystique aux expériences menées par Stryker, paraissent presque hors sujet quand un de ses soldats assassine un couple de personnes âgées qui avaient accueilli Logan (Agent Zero Comes For Logan). Les différents motifs que HGW a introduit au début de sa partition ont aussi des appartenances floues. Le motif à la guitare n’est jamais vraiment attribué à quelque chose et paraît apparaître au hasard sur les scènes d’action.

 

Harry Gregson-Williams ne réussit finalement aucun exercice. Il échoue autant dans le style symphonique classique, jouant simplement et gauchement avec ses thèmes, que dans le style de scoring moderne, ne présentant rien de bien innovant en termes de distorsions, de traficotage des instruments et de sonorités électroniques. Gregson-Williams n’est pourtant pas manchot, mais il nous démontre ici qu’il est aussi capable du minimum, sacrifiant tout au service d’une fonctionnalité, certes efficace, mais bien terne.

 

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