Kinsey (Carter Burwell)

Un portrait de l'homme derrière les rapports Kinsey

Disques • Publié le 16/06/2025 par

KINSEY (2004)
DR. KINSEY
Compositeur :
Carter Burwell
Durée : 37:34 | 11 pistes
Éditeur : The Body Inc.

 

4 out of 5 stars

 

Après Gods And Monsters, Kinsey est une autre collaboration de Carter Burwell avec Bill Condon. Ce dernier a donc écrit et réalisé cette nouvelle biographie pour se pencher, après James Whale, sur Alfred Kinsey, considéré en Amérique comme un pionnier de la sexologie, non sans avoir engendré quelques polémiques dans une Amérique puritaine.  Dès Calls Of The Wild, on s’aperçoit que l’auteur de Twilight s’est focalisé sur la personnalité du personnage, à savoir un scientifique à la fois passionné et solitaire, curieux et détaché. De plus, ce thème magnifique s’inscrit tout à fait dans la personnalité de Burwell : la musique relève d’une méthodologie qui lui est propre et témoigne d’une tendresse que lui seul pouvait exprimer. S’il a avoué s’être posé des questions sur la manière d’aborder le film, son choix d’une formation de onze musiciens semble d’autant plus pertinent qu’il laisse aux instruments toute latitude pour s’exprimer et jouer chacun un rôle primordial ; et il n’est pas exagéré de souligner le rôle des bois qui charrient d’indicibles sentiments (on se souvient encore du bouleversant An Unashamed Passion dans Adaptation).

 

Si Kinsey semble parfois si mesuré, c’est que Carter Burwell s’est attaché à décrire également la recherche scientifique du sexologue et son regard sur le monde. La formation traduit avec intelligence la fragilité du personnage qui, à nos yeux, rendrait son approche de la sexualité plus compréhensible : le sentiment d’intimité qui émane d’un morceau comme The Confession démontre avec quelle chaleur et quelle humanité Carter Burwell a composé d’après l’histoire d’un homme qui avait ses propres contradictions. Mais il faut absolument revenir sur les bois et particulièrement sur la clarinette dans A Father’s History où elle est très simplement accompagnée par le piano : la mélodie est d’autant plus déchirante que le morceau est court, étant dispensé d’un développement qui nuirait finalement à son lyrisme tout « burwellien ». Encore une fois, le compositeur travaille pour un film proche de ses personnages : une démarche tout à fait naturelle chez lui d’adapter les orchestrations afin de mesurer l’expression des émotions. Au grand déballage noyé de larmes, Carter Burwell préfère un sanglot bref et pudique.

 

Sébastien Faelens
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