WITNESS (1985)
WITNESS : TÉMOIN SOUS SURVEILLANCE
Compositeur : Maurice Jarre
Durée : 30:07 | 8 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande
Un drame policier de Peter Weir avec Harrison Ford, Kelly McGillis, Lukas Haas, Alexander Goudunov et Viggo Mortensen : l’inspecteur John Book doit protéger un jeune garçon membre d’une communauté Amish, qui a été le témoin d’un meurtre, et sa mère, dont il va tomber amoureux. Pour son premier film hollywoodien, le réalisateur australien, habile, a réussi l’exploit de se couler dans le système tout en restant lui-même. Il y aborde un de ses thèmes de prédilection (le choc des cultures) sur un canevas policier pourtant des plus traditionnels. La musique joue sur deux climats antagonistes, l’un paisible pour la communauté Amish, dont les membres d’origine hollandaise vivent comme au XVIIIIème siècle, l’autre pour le monde civilisé contemporain, générateur de malaises. Le choix d’une partition électro-acoustique – donc dépourvue de véritables instruments – est ici insolite. En effet, la musique se devait d’apporter une distance entre le spectateur et les personnages pour décrire un collectif qui refuse la modernité et l’instrument musical même. Le temps de préparer le plateau de tournage ou en visionnant les rushes, le réalisateur choisissait un morceau de musique préexistant pour mettre les acteurs dans un état particulier (« pour qu’ils arrêtent de penser ») ou plus simplement pour créer une atmosphère propice au montage.
Comme les choix de mise en scène, la partition, modeste mais efficace, cherche à exprimer certaines choses simplement inexprimables et la frustration d’essayer de les communiquer. La mélodie apaisante qui caractérise la communauté est utilisée avec beaucoup d’habileté dans la très belle scène de la construction de la grange (Building The Barn) qui est au centre du film. Ce morceau, construit comme un édifice, a des accents mystiques à la Bach. Le score, monochrome, exprime la sensibilité d’un monde pétrifié. Il est fracassé par l’utilisation soudaine de sonorités bruyantes, déplaisantes et de rythmes brutaux qui renvoient à la notion de violence. La chanson, absente du disque, a été idéalement choisie (par l’acteur principal) pour montrer John Book retombé en adolescence et caractériser l’innocence douloureuse de Rachel.