Star Wars: The Clone Wars (Kevin Kiner)

La Guerre des Boulons

Disques • Publié le 05/08/2011 par

Star Wars: The Clone WarsSTAR WARS: THE CLONE WARS (2008)
STAR WARS: LA GUERRE DES CLONES
Compositeur :
Kevin Kiner
Durée : 67:26 | 32 pistes
Éditeur : Sony Classical

 

3.5 out of 5 stars

Contrairement à d’autres grandes sagas cinématographiques de science-fiction, Star Wars a bénéficié d’un compositeur unique – dans tous les sens du terme. L’empreinte de John Williams est donc demeurée tellement puissante et prégnante qu’elle semblait bannir toute autre tentative de s’approprier l’univers musical des Jedi. Pourtant, il n’a pas été question de faire appel à lui pour The Clone Wars mais plutôt d’apporter un peu de sang neuf, et c’est vers le compositeur Kevin Kiner, vétéran du petit écran depuis les années 80, que la production a choisi de se tourner. Ses nombreux travaux pour des films, téléfilms et séries de SF (parmi lesquelles Wing Commander et Stargate SG-1) ont dû parler largement en sa faveur. Nombreux sont ceux qui ont regretté que les thèmes de Williams n’aient pas été assez utilisés et soient réduits à un court rappel au début puis à la fin, mais ce reproche demeure superficiel et empêche de considérer le véritable travail effectué par le nouveau compositeur.

 

En effet, beaucoup plus important que la lettre (autrement dit les thèmes, déjà archi-connus), Kiner a su conserver et restituer l’esprit de Star Wars : suite à une ouverture pleine de vigueur et d’entrain, le thème principal de John Williams est exposé à peine dix secondes avant de laisser la place à la nouvelle musique, et quelle musique ! À la tête du City of Prague Philharmonic Orchestra, parfois critiqué pour son manque de puissance mais irréprochable dans le cas présent, le compositeur se lance dans des envolées symphoniques follement enthousiasmantes – fait presque incroyable venant de l’auteur des très cheap Leprechaun et Tremors 3 ; la présence de Nic Raine, orchestrateur de John Barry, n’y est sans doute pas étrangère. Cuivres triomphaux, cordes étourdissantes, percussions martiales, son indéniablement «spatial», clins d’œil aux scores de la première trilogie Star Wars : tout est là pour faire de cet énième opus un classique à ranger en bonne place aux côtés des précédents. Des scènes d’action tonitruantes (le très exaltant Battle Of Christophsis, transcendé par des chœurs dantesques) aux morceaux plus apaisés (le malicieux et magique Meet Ahsoka) en passant par des fanfares rutilantes et des scènes de tension fort efficaces (Sneaking Under The Shield), on se dit que The Clone Wars contient décidément tout ce que l’on voulait entendre et plus encore.

 

Certes, on sera libre de moins apprécier les brefs dérapages dus aux contraintes budgétaires (Rough Landing, manifestement prévu pour un orchestre mais interprété par un synthétiseur bontempi) ou les orientations plus contemporaines directement issues des scores écrits pour la télévision et forcément marquées par les dérives «jeunistes» ambiantes, à savoir des pistes entières de heavy metal (Obi-Wan To The Rescue), de soupe ethnique peu intéressante (Jabba’s Palace, B’omarr Monastery) et même de jazz (Seedy City Swing) ! Cependant, John Williams, avec les Cantina Bands ou bien via l’usage très critiqué de la guitare électrique dans l’Episode II, ne s’était-il pas lui-même permis quelques incartades beaucoup plus insolites que réellement agréables à écouter ? Certes, on pourra considérer que Kiner n’a pas vraiment de style bien à lui et se contente d’imiter les temp tracks employés par la production : Judge Dredd dans les séquences d’action les plus furieuses, The Scorpion King (Le Roi Scorpion) pour les instrumentations rock (un passage du score de John Debney est même littéralement plagié dans Scaling The Cliff), Stargate pour l’écriture chorale, Children Of Dune, Battlestar Galactica et 300 pour l’aspect ethnique… Cela dit, tout au long des 67 minutes de l’album, l’ensemble demeure largement assez riche, varié, coloré et virtuose pour emporter l’adhésion pleine et entière de tout amateur de musique de space opera qui se respecte. Au final, Star Wars : The Clone Wars est une occasion inespérée pour Kiner de se montrer sur le devant de la scène et de signer, contre toute attente, l’une des musiques les plus mémorables de l’année 2008.

 

Gregory Bouak
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